Quand on s’intéresse à l’histoire de la réfrigération, on constate que les réfrigérateurs domestiques qui meublent nos cuisines sont le résultat d’avancées technologiques relativement récentes. Les premiers réfrigérateurs fabriqués industriellement remontent aux années 1920 mais c’est vraiment au lendemain de la seconde guerre mondiale qu’ils font leur entrée en masse dans les cuisines occidentales. D’abord accusés de polluer l’atmosphère, le protocole de Montréal impose la suppression progressive de l’utilisation des CFC dans le système de réfrigération à compression entre 1987 et 2007. Puis c’est leur gourmandise excessive en énergie (en particulier les réfrigérateurs de type américains) qui encourage les constructeurs à améliorer sans cesse leur performance énergétique. Dans le même temps, on remarque l’émergence récente d’un certain nombre de projets émanant de jeunes designers qui s’inspirent des techniques traditionnelles de conservation (glacières, garde-mangers, celliers) pour créer des réfrigérateurs alternatifs.
© Jihyun Ryou
Ce garde-manger mural a été conçu par la coréenne Jihyun Ryou pour éliminer au maximum le gaspillage, sortir les légumes du réfrigérateur et remettre à jour des techniques de conservation ancestrales et spécifiques selon les aliments. Ce projet souligne également le fait que la plupart des fruits et légumes continuent à « respirer », à absorber ou rejeter de l’humidité et de la chaleur tout en finissant de murir, processus qui est bien souvent entravé dans un réfrigérateur.
© Jihyun Ryou
Les températures du réfrigérateur sont par exemple trop basses pour les aubergines, les courgettes, les poivrons ou les concombres. L’évaporation quotidienne d’une petite quantité d’eau dans un récipient situé en dessous des légumes est suffisante pour permettre une conservation prolongée.
© Jihyun Ryou
En ce qui concerne les légumes à racines comme les carottes ou les oignons verts, ils sont conservés dans du sable humide et en position verticale (naturelle pour cette famille de légumes) ce qui leur permet de préserver leur saveur optimale selon la conceptrice.
Voir la vidéo suivante ou le site de Jihyun Ryou pour d’autres exemples.
© Emily Cummins
Quant à ce réfrigérateur portable et fonctionnant à l’énergie solaire, il a été conçu par Emily Cummins, une étudiante britannique. Il se compose de deux cylindres encastrables. Le cylindre métallique intérieur sert à conserver des aliments ou des médicaments. Le cylindre extérieur en bois, plastique ou métal est percé d’ouvertures. Il suffit ensuite de remplir l’espace entre les deux cylindres de sable ou de laine et d’y verser de l’eau. Lorsque la partie externe du cylindre est chauffée, l’eau s’évapore et facilite le refroidissement progressif du cylindre interne. Ce petit frigo solaire (qui fonctionnera de manière vraiment optimale avec une chaleur sèche) permet de conserver des aliments à une température de 6°C. Ce design ingénieux s’inspire du principe du « réfrigérateur africain » (parfois appelé « pot dans le pot ») qui utilise traditionnellement deux pots en terre cuite.
FraîchePo © Olivier Gassies
C’est d’ailleurs ce même principe qui est à l’origine du « FraîchePo », un climatiseur naturel crée par l’agence MachinMachin qui se spécialise dans le design d’environnement. Il s’agit d’un pot en grès à double paroi et dont on rempli d’eau le pot externe. A mesure que l’eau s’évapore, l’air contenu dans le pot intérieur se refroidit. C’est un petit ventilateur solaire qui expulse l’air « conditionné » naturellement.
Trois exemples de design moderne qui réactualisent donc des pratiques oubliées depuis l’électrification généralisée des foyers.
Voir aussi : design, Innovation, tradition