[Veille antifasciste] Mort du dernier “triangle rose”, déporté à Buchenwald pour homosexualité – LeMonde.fr

Publié le 15 février 2012 par Yes

Rudolf Brazda, le 1er juin 2010, dans son domicile en Alsace.AFP/FREDERICK FLORIN

Le dernier survivant connu des “triangles roses”, ces déportés pendant la seconde guerre mondiale pour homosexualité, Rudolf Brazda, est mort mercredi 3 août à l’âge de 98 ans, indique son entourage dans un communiqué. Il est mort paisiblement dans son sommeil, indique son entourage, dans un établissement hospitalier pour personnes âgées à Bantzenheim, en Alsace.

Les obsèques de cet homme naturalisé français en 1960 auront lieu la semaine prochaine à Mulhouse. “Conformément aux dispositions de son testament, sa dépouille sera incinérée et ses cendres déposées à côté de celles de son compagnon de vie de plus de 50 années, Édouard Mayer, décédé à Mulhouse en 2003″, ajoute le communiqué.

DEUX FOIS CONDAMNÉ POUR “DÉBAUCHE”

En avril, Rudolf Brazda avait été fait chevalier de la Légion d’honneur. Il faisait partie des quelque 10 000 personnes déportées sous Hitler en raison de leurs tendances sexuelles, les nazis considérant l’homosexualité comme une épidémie dangereuse pour la perpétuation de la race. Il avait été déporté au camp de concentration de Buchenwald où il porta le triangle rose.

Né en 1913 en Saxe dans une famille tchèque germanophone, Rudolf Brazda avait été condamné en 1937 à six mois de prison pour “débauche entre hommes”, puis expulsé vers la Tchécoslovaquie. Là, après l’annexion des Sudètes par Hitler, il avait été à nouveau jugé et condamné pour le même type de faits, cette fois à 14 mois de prison. Cette peine purgée, Rudolf, considéré comme un récidiviste, est interné au camp de concentration de Buchenwald, dans le centre de l’Allemagne. Il y survit à 32 mois d’enfer, grâce à son amitié avec un kapo communiste et à “un peu plus de chance que les autres”.

Rudolf Brazda avait gardé le silence sur les motifs de sa déportation jusqu’en 2008 mais l’annonce cette année-là de l’inauguration d’un mémorial aux victimes homosexuelles du nazisme à Berlin poussa des proches à l’inciter à se faire connaître.

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