Revendiquer sa féminité en portant des jupes, être bonne élève, c'est s'exposer à une stigmatisation certaine. Comme le raconte une prof de lycée : "Aujourd'hui encore, les familles ont souvent moins d'ambition pour leur fille que pour leur fils. En cours, les jeunes filles ont du mal à nuancer leurs propos, à adapter leur langage à la situation. C'est le reflet d'une pauvreté lexicale qui interdit l'accès au fond de leur pensée."
Le témoignage de la gynécologue du Planning familial exprime bien la réalité de ces jeunes femmes : "La réussite scolaire ou professionnelle est tellement peu valorisée que, pour pas mal d'ados, le modèle de réussite c'est la maternité. Dès qu'elles sont enceintes, elles sont respectées."
Elles sont filles des quartiers et doivent l'assumer à tout moment de la journée, de toute façon elles n'ont pas le choix. Elles "circulent très habilement entre leurs différentes identités, capables de montrer un jour en famille une certaine facette d'elles-mêmes, puis une autre avec leurs copines, puis encore une autre dans le bureau du proviseur... Elles se battent en étant tout à la fois. Et elles ne s'en tirent pas si mal !" selon Nacira Guénif-Souilamas, sociogue au CNRS.
Pourtant, le changement des mentalités et des comportements passera essentiellement par la vigilance des femmes et leur force à résister à la pression pour transmettre ce message. "Pour moi, l'éducation n'a rien à voir avec le fait d'être riche ou pauvre. C'est une question d'apprentissage du respect", déclare Ouafae, déléguée de parents d'élèves.
Elles ne demandent pas qu'on les plaigne, qu'on verse une larme sur leur sort. "Elles ont un besoin vital de confiance et de légerté", confirme Sarah de l'association Voix d'Elles-Rebelles à Saint-Denis. "Pendant longtemps, j'ai cru qu'il fallait des associations de femmes pour qu'elles s'émancipent. Aujourd'hui, je me rends compte su'il faut qu'on intègre les hommes, il faut qu'on travaille ensemble, sinon on n'y arrivera pas", explique Zaira.
Combien de millions sont-elles dans le monde, battues, humiliées, tuées, torturées, asservies ? Parmi elles, parmi ces millions de femmes traquées, menacées, emprisonnées, des femmes qui sont devenu des symboles.
Ingrid Bétancourt
Pour signer la pétition en ligne.
Aung San Suu Kyi
Voir le film.
Taslima Nasreen
Ayaan Hirsi Ali
Excisée à l'âge de cinq ans, elle a fui la Somalie en 1992 et pour ce faire, a dû mentir sur son origine et sur son âge. Elue députée, elle a donné son nom à une loi sur l'excision. Après la mort de Théo Van Gogh, elle a été désignée comme la prochaine victime. Les Pays-Bas affirment ne pouvoir la protéger en dehors de leurs frontières alors que c'est là-même qu'elle court le plus grand risque. Les Etats-Unis où elle vit actuellement ne peuvent la protéger car elle ne possède aucun statut officiel sur leur territoire. C'est pour avoir exprimé ses convictions dans une démocratie qu'Ayaan Hirsi Ali est menacée de mort.
Simone Veil
Et si elle a le mauvais goût de se tenir aux côtés de Nicolas Sarkozy pendant et après les présidentielles de 2007, on lui sait gré de savoir manifester sa mauvaise humeur lorsque le candidat annonce la création d'un Ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale ou qu'il lui vient l'idée de confier la mémoire d'un enfant victime de la Shoah à un élève de CM2.
Enfin pour finir, juste une réflexion personnelle. En septembre 2001, à la suite des attentats du 11 septembre, Jean-Marie Colombani a publié un édito dans le Monde intitulé "Nous sommes tous Américains". Qui dira aujourd'hui "Nous sommes toutes Palestiniennes" ?Mes Petites Fables