Ces nouvelles données sur la supplémentation en Vitamine B et en oméga 3 en prévention des cancers, chez des sujets à antécédents cardiovasculaires, permettent d'éclairer sur l'effet préventif, éventuel, des différents nutriments. Cette étude, menée par des scientifiques de l'Unité mixte de recherche en épidémiologie nutritionnelle de l'Inserm montre que la supplémentation en vitamines du groupe B et en acides gras poly-insaturés oméga-3 chez les hommes n'accentue pas la survenue de cancers mais que, chez la femme, une supplémentation en oméga-3 est associée à un risque plus élevé de cancer. Des résultats publiés dans l'édition du 13 février des Archives of Internal Medicine.
Cette étude a porté précisément chez les hommes et chez les femmes avec antécédents de pathologies cardiovasculaires et sur les effets de la supplémentation en folates (B6), en autres vitamines du groupe B et en acides gras poly-insaturés oméga-3. Les auteurs rappellent que les acides gras omega-3 sont présents dans les poissons gras et les fruits secs, notamment. Si d'autres certaines études ont suggéré un effet de la supplémentation en vitamine du groupe B sur la survenue de cancers, les résultats restaient hétérogènes. Les chercheurs français souhaitaient donc vérifier, par rapport au risque de cancer, l'intérêt éventuel d'un apport supplémentaire en vitamines B et/ou en oméga-3 dans la prévention de la récidive de pathologies ischémiques chez des sujets coronariens avérés ou ayant présenté un accident vasculaire cérébral.
L'étude a porté sur des données de de 2.501 participants à l'étude cohorte SU.FOL.OM3 (Supplementation With Folate, Vitamins B6 and B12 and/or Omega-3 Fatty Acids), menée de 2003 à 2009. Les participants ont été répartis en 4 groupes de supplémentation quotidienne:
- 5-méthyltétrahydrofolate (0,56 mg), chlorhydrate de pyridoxine (vitamine B6; 3 mg) et cyanocobalamine (vitamine B12; 0,02 mg),
- acide eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque (600 mg) dans un rapport de 2:1;
- vitamines B et acides gras -3
- placebo.
Après 5 ans de supplémentation, le développement d'un cancer a été constaté chez 7,0% des participants, soit 145 événements chez les hommes et 29 chez les femmes), et le décès lié au cancer chez 2,3% des participants.
- Sur l'ensemble des participants, les chercheurs ne constatent aucune association significative entre l'incidence des cancers et la supplémentation en vitamines B (HR : 1,15 IC : 95% de 0,85 à 1,55]) et / ou en acides gras omega -3 (HR : 1,17 IC : 95%, de 0,87 à 1,58]).
- Mais lors de l'analyse des résultats par sexe,
- ni la supplémentation en vitamines du groupe B ni la supplémentation en oméga-3 n'a eu d'effet significatif sur la survenue de cancers chez les hommes.
- En revanche, les femmes recevant des oméga-3 présentent un risque plus élevé de cancer par rapport au groupe placebo (HR : 3,02 ; IC à 95 %de 1,33 à 6,89).
Les chercheurs concluent donc que les femmes recevant des omega-3 ont eu tendance à présenter un risque plus élevé de cancer et que si les mécanismes sous-jacents ne sont pas clairs, une explication possible serait l'effet médiateur des omega-3 sur le métabolisme des œstrogènes.
Source: Communiqué Inserm et Archives of International Medecine Published online February 13, 2012.doi:10.1001/archinternmed.2011.1450 “"Supplementation with nutritional doses of B vitamins and omega-3 fatty acids and cancer outcomes in the SU.FOL.OM3 randomized trial"