Le fils de son père ?

Publié le 15 février 2012 par Jclauded
Pierre Elliot Trudeau fut un premier ministre populaire et un des grands qui ont occupé le poste de leader de la nation canadienne. Je n’ai jamais voté pour lui car je n’appréciais pas ses politiques centralisatrices beaucoup trop favorables à l’état fédéral. Nous vivons dans une confédération et j’ai toujours pensé que les provinces devaient avoir le plus de pouvoirs possibles, particulièrement le Québec pour assurer le développement et l’épanouissement de sa culture et de sa langue. Nonobstant ses politiques, les Québécois ont toujours fait entière confiance à Trudeau. C’était un homme intelligent, fin, mais surtout un gars de chez nous. Quant à moi, même si je ne l’appuyais pas, je l’ai toujours admiré.

Mon parti était le parti progressiste-conservateur (PPC). « progressiste » pour le développement social et « conservateur » pour la gérance de l’économie. Pour moi, c’était un équilibre parfait. Malheureusement, les Québécois ne l’ont pas toujours compris en votant massivement contre ses chefs Robert Stanfield et Joe Clark, leur préférant Trudeau. Ils se sont repris en donnant la presque totalité de leurs comtés à Brian Mulroney qui succéda à Clark. Brian était un gars de chez nous.
Après Mulroney, le parti est descendu aux enfers avec 14% des suffrages à l’élection qui suivit et l’Ouest, qui avait été toujours favorable au PPC, s’est retourné vers le Reform Party, un parti à droite de la droite où se situait le PPC. C’est dans le Reform que Stephen Harper est né politiquement. Après quelques changements de nom, Harper a réussi à prendre la direction du parti devenu l’Alliance Canadienne (AC). Durant ce temps, le PPC continuait sa traversée du désert sous la direction d’un nouveau chef, Peter Mackay.
Finement, subtilement, Harper sachant qu’il ne pouvait gagner une élection fédérale avec l’AC persuada Mackay de se joindre à lui et à transformer le nom de son parti à Parti Conservateur (PC) du Canada, en laissant tomber la partie « progressiste ». Cette décision est la démonstration claire de la pensée politique d’Harper. Des membres illustres du PPC, l’ex-PM Joe Clark, le sénateur Lowell Murray, l’ex-ministre Flora Macdonald et des centaines d’autres se révoltèrent contre cette décision et ne joignirent pas les rangs du PC. Je les ai appuyés. Je trouvais inconcevable que notre parti devienne un parti d’extrême droite. Avec ses agissements, Harper a réussi à usurper le nom de notre parti (un nom reconnu depuis la Confédération) pour remplacer celui de son parti qui était rejeté par une très grande majorité de Canadiens.
Sa stratégie fut bonne puisqu’il prit le pouvoir. Mais, on voit ce que ça donne aujourd’hui. Harper est en train de transformer notre Canada en un pays qui ne considère pas que la personne humaine est la plus précieuse des richesses.
Justin Trudeau, fils de Pierre Elliot Trudeau et député de Montréal, a bien défini avant-hier la situation dans laquelle nous nous retrouvons : « Ce pays est un pays d’ouverture, de respect, de compassion, un État de droit et de liberté. Le Canada est devenu mesquin, petit d’esprit, fermé, anti-intellectuel, qui prône la division. Excusez, mais je ne reconnais pas ce pays ». Bien dit et bien vrai ! et il a ajouté : « Le Canada a besoin des valeurs québécoises pour contrebalancer la vision de Stephen Harper… ».
La veille, Trudeau avait affirmé que les Québécois étaient poussés vers la séparation du Québec par Harper et pour provoquer l’opinion publique il a ajouté que « peut être que je songerais à vouloir faire du Québec un pays ». Il a bien réussi sa tactique puisque depuis, ses arguments ont déclenché une frénésie dans la blogosphère, sur twitter et les médias le poursuivent.
Évidemment, la riche machine politique conservatrice s’est sur-le-champ déchaînée contre Justin Trudeau en le traitant d’adolescent, de politicien incohérent, de menteur, d’irresponsable, de traître, de narcissique, de manquer d’éthique, d’antipatriotique, de manquer d’intelligence politique et encore.
Pourtant Trudeau s’est élevé contre des politiques conservatrices qui vont à l’encontre des politiques adoptées par le Canada depuis les 60 dernières années et qui lui ont donné son excellente réputation dans le monde.
De toute façon, il est certain que le jeune Trudeau n’est pas un séparatiste et il l’a affirmé encore hautement, clairement et avec force hier sur les marches du parlement devant une meute de journalistes.
Je dénonce depuis longtemps les agissements et les politiques de Stephen Harper et il est inutile de répéter ici mes arguments qui démontrent que le Canada est sur une nouvelle voie qui ne correspond pas et qui l’éloigne de celle de son passé glorieux. J’ai aussi affirmé qu’Harper apportait de l’eau au moulin des séparatistes et j’en suis convaincu. Cela ne fait pas de moi un séparatiste comme les affirmations de Trudeau n’en font pas un de lui. Loin de là !
Il a du potentiel et de l’intelligence ce jeune député et il mérite d’être écouté et compris. Il a démontré hier qu’il est le fils de son père.
Claude Dupras