Des destins se croisent sur une route, au lendemain du 17 avril 1975, quand les Khmers rouges ont brutalement évacué toutes les villes du pays. Les personnages se savent en sursis au point de se définir comme des gens n'étant pas encore morts ? Ils font partie des trois groupes qui seront au coeur de la tragédie à venir : paysans, citadins et Khmers rouges.
- Delcourt - Collection Mirages -
Un carnet de voyage dans le temps de l'horreur, de la colère.
" Pendant trois ans, huit mois et vingt jours, ils [ les Khmers rouges ] firent régner un régime de terreur, provoquant près de deux millions de morts, dans un pays de sept millions et demi d'habitants. " - extrait de l'introduction par Rithy Panh, réalisateur ( son documentaire S-21, la machine de mort Khmer rouge a été primé au festival de Cannes 2002 ).
Des chapitres courts pour raconter l'innommable à la façon de chroniques sur l'exode des citadins réduits en esclavage, pris en otage dans ce pays totalement fermé par et sur la dictature révolutionnaire. Un récit documentaire qui présente des cartes, des illustrations aux légendes informatives. Quelques histoires, dans lesquelles les personnages se croisent, qui disent tout du génocide; kaleidoscope dément. Des instantanés qui cognent, vertige et nausée qui précipitent dans cette fosse historique.
Les dessins sont incroyables, de véritables photographies ( inspirées de photographies comme j'ai pu le lire en dernière page ) aux tons sépias, passés, qui n'atténuent en rien l'intensité, la profondeur de la douleur exprimée, le désespoir, l'effroi et la folie.
Des pages éprouvantes qui mériteraient pourtant relecture tant la violence du récit aveugle parfois; les limites de ce que l'on peut lire et admettre, comme les récits de ce soldat khmer de 14 ans - " L'Angkar est juste. Il ne doute pas. Il fait seulement quelque taches de sang qui seront vite absorbées par la terre et le noir du tissus en coton. " -
Une lecture à poursuivre avec Lendemains de cendres 1979 - 1993
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- Le billet de Joelle -
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- avec Mango -
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