Hauts les coeurs !

A propos d’Un monde sans femmes de Guillaume Brac 4 out of 5 stars

Vincent Macaigne, Laure Calamy

A la fin du mois d’août, Patricia et Juliette, une mère et sa fille habitant sur Paris, viennent passer une semaine en vacances à Ault, petit village de la côte picarde. Elles y rencontrent Sylvain qui leur loue la maison. Très vite, le trio s’entend à merveille et profite du soleil sur les plages. Sylvain s’amourache peu à peu de Patricia qui refuse ses avances, provoquant tristesse et désarroi chez le trentenaire. C’est alors que Juliette se rapproche de Sylvain de manière inattendue…

C’est une vraie et belle surprise qu’Un monde sans femmes. Un premier long métrage sensible et profond, teinté de mélancolie voire d’un certain scepticisme amoureux.

Convoquant tour à tour Rohmer, Rivette ou Pialat, Un monde sans femmes est précédé de Le naufragé (2009), un court métrage du même Guillaume Brac avec le même Vincent Macaigne dans le rôle principal. Le naufragé ébauchait les contours du personnage de trentenaire « paumé et sympathique » de Sylvain que l’on retrouvera dans Un monde sans femmes. S’y dessinait déjà la figure d’un garçon au physique de « nounours » un peu mal dans sa peau et solitaire, introverti et empoté mais d’une générosité à toute épreuve.

Dans Un monde sans femmes, Brac approfondit l’étude de caractère de Sylvain, sorte d’inadapté à la société paradoxalement tourné vers les autres. Cette contradiction n’est pas la seule surprise ni la seule étrangeté chez lui. Car tout au long du film revient la question lancinante de se demander comment un type aussi gentil, aussi altruiste que Sylvain peut-être aussi seul et malheureux ? Est-ce par manque d’ambition ? Est-il trop gentil ?

Sylvain est un grand sentimental un peu naïf mais qui possède un cœur immense. Sa timidité et son manque de confiance en lui l’empêchent de se livrer. Quand il le fait, c’est de manière maladroite avec Patricia qui repousse gentiment sa main sur la sienne.

La grande force du premier long métrage de Guillaume Brac, outre son humour et un certain sens de la dérision, c’est sa capacité à susciter l’émotion comme dans cette scène de baignade qu’accompagnent les compositions douces-amères de Tom Harari. Un monde sans femmes repose sur un renversement de situation inattendu.

La misère sexuelle / humaine que l’on croyait être celle de Sylvain concerne bien plus Patricia en fait, quadragénaire sexy qui préfère sortir avec des petits jeunes qui n’en ont « rien à faire d’elle » (dixit sa fille) plutôt que de s’intéresser à des gens profonds de son âge et qui auraient des vrais sentiments pour elle.

La honte qu’éprouve Juliette pour l’abjection de sa mère est révélée dans une scène où Patricia sort avec un gendarme qui est une connaissance de Sylvain. La colère et le ressentiment de Sylvain culminent et atteignent leur paroxysme à la sortie d’une discothèque d’Ault, après laquelle notre trentenaire n’éprouvera plus qu’abattement et dégoût pour tout. Plus tard, son rapprochement avec Juliette éclaircira (provisoirement du moins) le ciel immense de sa solitude. Si l’optimisme existe chez Brac, c’est un optimisme mesuré, relatif et éclairé, méfiant et nuancé.

Quant à nous, spectateurs, on attend la suite avec impatience, même si Un monde sans femmes parait lumineux et maitrisé déjà…

http://www.youtube.com/watch?v=dBx3xdk6KwE

Un monde sans femmes. Film français de Guillaume Brac avec Vincent Macaigne, Laure Calamy, Constance Rousseau (01 h 23).

Scénario de Guillaume Brac et Hélène Ruault: 3.5 out of 5 stars

Mise en scène : 4 out of 5 stars

Acteurs : 3.5 out of 5 stars

Dialogues : 4 out of 5 stars

Compositions : 4 out of 5 stars