Après une année 2011 aux anges, Lana Del Rey savait que 2012 serait un tournant forcément difficile à appréhender avec un premier album tellement attendu que la déception est le premier mot à faire disparaître, avant un possible sacre définitif.
Bien heureusement, Born To Die s’ouvre sur le titre éponyme, qui était aussi déjà sorti en single : ainsi, l’entrée en matière ne peut être que prometteuse, autant que l’avait été le moindre de ses mouvements en 2011. Je ne sais pas si c’est le cas, mais il y a du Tricky dans la production de ce « Born to die », de même sur « Off the races » même si de façon moins évidente. Entre ces deux morceaux, la voix de Lana s’est adoucie, montrant qu’elle possède un large éventail vocal, malgré toutes les critiques qui continuent de pleuvoir sur elle dès qu’elle se produit en live. Adoucie, ou rajeunie… et ce ne sera dès lors plus vraiment un compliment. « Blue jeans » et « Video games » arrivent, appuyant l’argument comme quoi Lana Del Rey pourrait devenir l’une des plus grandes artistes des années 2010s. Deux titres tellement bien interprétés et produits qu’ils valent à eux seuls (avec « Born to die ») de posséder tout l’album. D’ailleurs, Lana y semble tout à fait à son aise, et l’on ne peut qu’oublier son jeune âge.
Sur « Diet mountain dew », sa voix change encore, à mi-chemin entre une voix jeune et naïve et celle d’une femme déjà plus épanouie. La naïveté est présente dans l’air, mais le refrain est tellement efficace qu’on oublie vite ce petit défaut. Constat strictement identique sur « National anthem », même si, à l’inverse, son efficacité réside plutôt dans ses couplets.
La suite est sensiblement du même niveau, bien que les sommets atteints avec les singles ne se reproduisent pas. Ils ne sont pas loin, mais tout à l’air trop lisse, trop joli, trop uniforme. Les radios s’en donneront à cœur joie de jouer ses titres, mais la jeune Elizabeth Grant n’a pas réussi son pari. Certes, elle ne l’a pas encore perdu non plus.
Born To Die était énorme bien avant d’être sorti. Mais dès que le choix du visuel de la pochette fut révélé, le début de la déception s’annonça. Mais relativisons : il reste un album très agréable et plaisant à divers égards. Seulement, on l’aura peut-être oublié à la fin de l’année, si ce n’est avant.
En somme, une (petite) déception. Pour moi, bien sûr.
(in heepro.wordpress.com, le 15/02/2012)
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Voir aussi : Video Games/Blue Jeans – Born To Die – National Anthem