Mana Neyestani s’exprime enfin librement !
Mana Neyestani n’a jamais vraiment enfreint de loi, mais a commis le crime d’avoir dessiné un cafard prononçant un mot azéri dans un journal pour enfants. Ce dessin, très vite détourné et injustement considéré comme une insulte par la communauté Azérie d’Iran, sera à l’origine de tous les ennuis de cet illustrateur qui se croyait pourtant bien à l’abri du régime au sein de la presse enfantine. C’est bien mal connaître l’Iran… !
Le calvaire débute par un emprisonnement de deux mois, durera plusieurs années et bouleversera totalement sa vie. Une métamorphose iranienne est l’histoire d’un cafard qui voulait simplement faire sourire les plus petits, d’un artiste emprisonné, torturé psychologiquement, harcelé et contraint à l’exil, mais surtout celle d’un régime totalitaire où même les insectes n’ont pas droit à la liberté d’expression.
Au-delà de cette censure et de cette répression démesurée, ce sont surtout les portes fermés de l’exil qui choquent le lecteur. Si Mana Neyestani vit aujourd’hui à Paris, c’est surtout à lui-même qu’il le doit, ses droits à l’asile politique ayant apparemment été bafoués au même titre que son droit à la liberté d’expression. Confronté à des ONG impuissantes et à des administrations peu coopératives, sa fuite vers l’occident sera parsemée de nombreuses désillusions.
Pourtant, ce témoignage personnel ne pointe personne du doigt et se contente de relater les événements chronologiquement et sans pathos. Si l’auteur parvient même à ironiser sur certains de ses déboires, son graphisme légèrement caricatural permet également de relativiser la gravité des propos. Si le découpage est très classique et l’approche plutôt documentaire, certaines trouvailles visuelles insufflent néanmoins beaucoup de force et de personnalité au récit.
À l’instar du chef-d’œuvre de Marjane Satrapi, “Une métamorphose iranienne” est un témoignage bouleversant, mais également une réflexion sur la liberté d’expression !
À lire absolument !
Retrouver d’ailleurs cet album dans mon Top du mois et dans mon Top de l’année !
Ils en parlent également : David, Mo’, Jérôme
… et Mana Neyestani peut enfin s’exprimer librement :