Dans le vaste bazar électoral, les candidats font œuvre de promesses et de bassesses pour attirer les votes, entonnent des mélopées éculées avec des paroles où « la belle France » est la vedette d’un spectacle d’une haute désuétude. Il est à prévoir beaucoup de votes protestataires, de votes blancs et d’abstentions face à une telle absence de vision, sinon celle dominante du repli.
Dans ce tapage médiatique, émergent aussi les voix et les clameurs des esprits bien-pensants qui ont tous des solutions dans leur besace sans fond de lobbyiste éclairé. Les tables des libraires sont encombrées de livres, souvent bâclés, censés alimenter le débat d’idées. Si tant est qu’il y ait débat et idées. Un déballage assuré par des grands yakas qui ont tous des solutions : on s’étonne pourquoi et comment nous sommes encore dans une telle panade devant ce parterre d’intelligences…
Les élus sans surface médiatique en profitent aussi et y vont de leur rengaine. A l’image d’Hervé Gaymard, ministre brillant (paraît-il) mais éphémère sous un gouvernement Raffarin, qui vient de publier chez Plon sa « vision de grand yaka ». Derrière un titre pompeux et pompier, « Délivrez-nous de la France » (damned !), cet élu fonctionnaire dévoile une idée phare, une seule sur 137 pages : la création d’un Conseil national de la reconstruction (sic !), un machin crypto-républicain de plus censé faire avancer une société qui recule. Soit, mais on ne comprend pas pourquoi parler de reconstruction : sommes-nous en guerre ? La France a-t-elle été dévastée par un ennemie invisible ? Ce pays est-il détruit ?...
Monsieur Gaymard, ne serait-il pas plus pertinent de faire appel aux nombreuses ressources existantes pour déconstruire une société figée dans sa peur de regarder l’avenir, plutôt que de se gargariser dans un « Conseil national de la reconstruction » qui va pondre des rapports pour les tiroirs des ministères…
Messieurs et mesdames les politiciens de la politique, grands yakas — et dinosaures !— des allées du pouvoir, agissez mieux, écrivez moins…