Il y a un an je m’énervais contre le fait que la cérémonie de récompenses de la Kapow (les Stan Lee Awards) n’avait pas eu le bon gout de nominer une quelconque représentante du beau sexe parmi les meilleurs artistes et héros de comics de l’année 2011. Cette année il semble que Mark Millar persiste et signe dans des choix qui ne reflètent absolument pas la réalité d’un marché qui progresse lentement mais surement vers la féminisation des talents, et se paye le luxe de trouver des excuses qui ne sont pas valables quand on est le porte parole d’une convention qui se veut être une alternative aux grosses machines américaines, qui elles laissent un minimum de place au femmes (et si elles n’en n’ont pas assez, et bien elles le prennent).
Depuis une semaine en effet, les critiques fusent de la part des female furies de la blogosphère comics qui s’interrogent sur l’absence totale d’artistes féminines parmi les invités de la Kapow, comme vous pouvez le voir dans le trombinoscope suivant :
Oui la plupart de ces artistes sont la fine fleur de ce que le Royaume Uni a de plus créatif en matière de bandes dessinées, leur talent a d’ailleurs depuis longtemps dépassé les frontières de la perfide albion, et Mark Millar a également bien raison de leur rendre hommage ainsi. Mais cela voudrait-il dire qu’il n’existe aucune artiste féminine (non plus) de l’autre côté de la Manche ? Rien n’est moins sur.
Maura McHugh, écrivain et scénariste irlandaise s’est “amusée” à référencer toutes ses consoeurs pour prouver que si Mr Millar s’était un tant soit peu intéressé au sujet, il n’aurait eu que l’embarras du choix.
La formidable Laura Sneddon qui n’est pas la dernière à monter au créneau s’est même entretenue avec l’artiste via Twitter et lui a demandé comment se faisait-il qu’aucune artiste britannique soient invitée pour la Kapow. Et l’écossais de lui répondre qu’il y avait bien des invitées mais pour la partie audiovisuelle de la convention (cinéma et télévision), et que malheureusement aucune femme n’était présente dans la catégorie BD car les grands noms des comic books étaient tous de sexe masculin et que la Kapow était une convention mainstream qui ne s’intéressait qu’au domaine des super héros, à savoir ceux des partenaires suivants :
Mettre de côté tout un pan créatif parce qu’il n’est pas “mainstream” où qu’il ne concerne pas le domaine des super héros est selon moi une aberration. Déjà parce qu’il y a des femmes célèbres qui travaillent dans ce domaine précis depuis des années, et même depuis plus longtemps que certains de ces messieurs cités plus haut. Ensuite parce que les artistes féminines devraient aussi pouvoir partager cet évènement à la gloire du comics made in britain. Je ne comprend vraiment pas pourquoi ce n’est pas le cas. C’est vraiment se renfermer sur soi que de diriger une convention dans une telle direction.
Un festival est selon moi un moyen exceptionnel de faire rencontrer les artistes avec leurs nombreux fans, c’est un fait, mais c’est aussi une opportunité de découvrir de nouveaux artistes, de nouveau courants, de nouvelles façon de voir la bande dessinée, et même si il ne s’agit que de super héros.
Millar devrait revoir sa copie, il devrait inviter Posy Simmonds, Emma Vieceli, Maya Gavin, Denise Mina, Melinda Gebbie, qui sont britanniques mais aussi Becky Cloonan, Gail Simone, Stephanie Hans, Emanuela Lupacchino qui maîtrisent parfaitement bien l’univers des super héros…
Toute proportion gardée, je me demande si le Lille Comics Festival se pose la question de savoir si une femme a sa place comme invitée parce qu’elle ne fait pas partie du panthéon des auteurs super stars. Franchement je ne crois pas.