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Asma et whitney

Publié le 14 février 2012 par Fabianus
ASMA ET WHITNEY
Il est loin le temps du fog londonien et les bourdonnements de la city. Asma, le visage perdu vers l’horizon incertain, écoute, le cœur serré, le cantique de Whitney...
La grande chanteuse de soul vient de se donner la mort. A 48 ans. Asma éclipse le temps d’une écoute recueillie le chaos assourdissant des combats de Homs.
Damas  semble assoupie dans une torpeur  irrépressible tout au long de ses rues quadrillées de soldats émérites. Et Samar écoute la longue plainte « I will always love you ».
Je t’aimerai toujours. Whitney avait dû le dire à l’homme de son cœur, Boby Brown. Un homme qui la battait mais qui demeura longtemps, contre coups et tempêtes, son accroche cœur. Avant le divorce !
Je t’aimerai toujours quitte à oublier que tes mains se prolongent de gifles ! Quitte à gaver cet oubli de substances interdites qui anesthésieront la souffrance du cœur ! Quitte à t’accompagner dans tes dérives en partageant le fruit défendu aux effluves hallucinogènes.
Asma-al-Assad médite sur la longue défense aux enfers de celle qu’on pleure aujourd’hui, en Occident, le long des trottoirs de Manhattan. Asma se replonge alors dans New-York. Le monde de la finance au cœur de la JP Morgan. Puis le retour à Londres. Londres, ici Londres, un cœur bat pour un autre cœur. A l’ambassade syrienne de cette ville sur la Tamise elle se souvient.  Ce grand étudiant séduisant, au charme indicible et qui se présente comme futur ophtalmologiste…
Bachar ! Le coup de foudre. C’était hier…
Whitney a-t-elle senti basculer son cœur avec autant d’intensité quand Boby, pour la première fois, a porté son regard sur elle ?
Asma sent une légère larme humecter les cils délicats. Est-ce le timbre de Whitney qui sublime à présent « My love is your love » ? Ou n’est- ce pas simplement un sanglot de détresse, un épanchement de désolation sur sa vie de femme qui assiste, impuissante, à l’holocauste de sa ville natale ?
Homs que martyrisent les soldats de son chevalier ! Homs, sa ville natale, décimée par les chars du maître de Syrie, le père de ses enfants, l’homme qui aura bouleversé sa vie !!
Homs en oripeaux de Guernica des sables, sous le regard complice des suzerains chinois et russes, trop satisfaits de mesurer l’efficacité de leurs armes de guerre.
Asma hoquette de sanglots, dans le secret de son alcôve. Whitney vient d’entamer « I have nothing ». Je n’ai rien, rien à faire, soupire Chimène la gorge nouée. Rien à faire que de se persuader de la légitimité de son mari. Rien à espérer de plus que la tragédie s’évapore comme un mauvais rêve et que les dernières braises de l’incendie éclairent de nouveaux horizons. Plus sereins.
Rien à faire de plus que de cautionner implicitement les actes de rétorsion de son Rodrigue, assassin patenté de ses souvenirs d’enfance…
Le rose du désert se flétrit sous l’aridité des décisions politiques de son amour. Mais, pour la St Valentin, elle cherchera à faire bonne figure et dissimulera sa peine sous le fard frigide de l’indifférence. La presse ne retiendra que l’apparent manque de compassion pour son peuple.
Whitney poussa à fond son superbe timbre et « The greatest Love of all » bouleverse la Marie Antoinette d’un désert de sang. Le plus grand amour aurait pu durer sans la drogue outrancière du désir de pouvoir.
Liée au destin de son mari, Asma plonge à son tour dans les nimbes aveuglants de la toxicomanie guerrière…
Le CD vient d’achever sa rotation. Le silence envahit l’espace avant que des cliquetis d’armes ne se réveillent, au loin, au sud de Damas.
Asma sèche la petite perle humide et repense à Whitney…
A Homs, les chars continuent de décimer le cœur de son enfance…

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