Candidature à la guillotine

City de Londres, 14 février 2012
A l'attention du Comité de Salut Public en formation,
Mesdames, Messieurs,
La France, et le peuple français, se réveille aujourd'hui et le Comité de Salut Public que vous vous apprêtez à former en est la plus éclatante manifestation. 
Au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, le peuple avait pu unir ses patriotes de gauche et nationalistes de droite, les fondre malgré leurs divergences politiques éclatantes en un Conseil National de la Résistance à l'origine d'un consensus social et démocratique inédit qui a porté le pays à travers ce que les économistes appellent "Les Trente Glorieuses". Depuis, l'Empire, la Banque, a multiplié les coups de boutoirs de manière à détruire méthodiquement toute politique sociale et finalement tout fondement démocratique dans ce pays, comme dans tous les autres. Déjà Charles Péguy avait laminé l'Argent qui décompose le peuple, et fait des ouvriers, des citoyens, de tous... des bourgeois. Des années 70 à ce jour, l’œuvre capitaliste et protestante a pris une toute autre ampleur. Il n'y a plus de peuple, il n'y a donc plus de démocratie. C'est la fin, c'est l'Apocalypse, et vous ne le tolérez plus, pas plus que les individus pas tout à fait assez atomisés, qui manifestent manifestement et sont sur le point de vous porter au pouvoir dans un grand et nouvel élan révolutionnaire.
Je me permets, dans cette situation, de prendre les devants et de vous proposer mes services. Vous ne manquerez en effet pas de chercher des gens coupables, plus coupables que d'autres, et qui devront répondre de leurs actes. Les mots ne tarderont pas à résonner, car il s'agit purement et simplement de haute-trahison, de satanisme, et de félonie. La sanction, historiquement référencée, devrait être la guillotine. Les dirigeants de droite sont des coupables tout désignés. Vous ne les oublierez pas. Je souhaite toutefois attirer votre attention sur leurs homologues de gauche - nous ! moi !
Hier encore, ce 13 février 2012, vous n'ignoriez pas ma situation de candidat du Parti Socialiste aux élections présidentielles françaises. Voici ce que j'ai pu affirmer, liquidant ainsi ma candidature, en direction des traders anglais, inquiets d'une éventuelle victoire de la gauche à ces élections : "La gauche a gouverné pendant quinze ans pendant lesquels elle a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n'y a pas de crainte à avoir." Ne prenez pas ces propos à la légère. Nous avons permis, et ce depuis 1968, nous avons permis toutes les attaques contre le modèle social et démocratique de notre pays. Notre bonne conscience de nouveaux clercs de la morale progressiste et anti-raciste nous autorise depuis lors, sous couvert humaniste, tous les coups fourrés contre le peuple qui nous offre le pouvoir en alternance. Nous faisons mieux que la droite, décomplexée seulement très récemment. Toujours plus haut, toujours plus vite, toujours plus fort. Et j'en suis, aujourd'hui, le fer-de-lance.Pour toutes ces raisons, j'ai la conviction être un candidat à votre guillotine le seul capable de vous apporter une entière satisfaction.Je me tiens à votre entière disposition pour une rencontre destinée à avancer ensemble en ce sens, et vous assure d'ici là de mes sentiments les meilleurs.François HOLLANDE