Si déjà on nous conditionne à offrir des cadeaux à des dates fixes comme Noël alors que l'on peut très bien le faire à n'importe quel moment de l'année et autant de fois que le cœur vous en dit, je trouve dommage qu'il soit utile qu'un calendrier soit là pour nous rappeler de fêter celui ou celle que l'on aime. Et puis,ne trouvez-vous pas mesquin que la fête des amoureux n'ai droit à un seul jour par an !... Quelle misère !
Sœurs et frères d'arme, moi, Honnay Fogleef, vais vous conter mon humble point de vue. Si par malheur de chastes oreilles s'offusquent de ma liberté de ton qu'elles n'y voient aucune goujaterie car cela n'a jamais été mon fort...Certes l'hédoniste que je suis ne peux s’empêcher de colorer d'un pastel d'érotisme mes dires sur le sujet.
Pour ne point m’éparpiller et préférant donner un cachet plus intimiste à mes propos, ils ne seront adressé qu'à toi, belle et inconnue lectrice, afin que la signification profonde de ce message touche le plus grand nombre par sa clarté.
Donc,ma Belle, je te disais combien doit-il être frustrant de se contenter d'une modeste journée pour célébrer un être tendrement aimé. Si pour certains cela semble amplement suffisant pour d'autres en revanche cela relève de l'impossible...et je suis des seconds !. Les premiers, dans une sorte de grand pragmatisme sentimental, sont très méthodiques,minutieux et organisés...tout doit avoir une place,une date et une raison valable pour être fêté...Pour les seconds, ils ont besoin d'exprimer à tout moment leurs émotions, souvent leur spontanéité affective semble aux non-initiés quelque peu anarchique. Par respect pour les premiers,malgré la tristesse que j'éprouve à leur égard,je ne m'attarderais pas sur leur cas...car celui des seconds est mille fois plus passionnant.
Ne pouvant donner la parole à tous ces seconds, je me ferais à la barre de tes lèvres offertes leur avocat. Oui ! Très Chère, je vais de ce pas plaider contre le non-sens institutionnel et pour qu'un jour peut-être chaque instant soit vécu comme une fête. Pour ce faire, je commencerai par l'aube qui chaque jour est censé nous apporter la joie première de se réveiller...Je dis la joie première car les ronchons du matin ignorent la chance qu'ils ont de se réveiller par rapport à ceux qui ne l'ont plus...
-1-
« Comme des nappes de brouillard qu'un vigoureux soleil printanier chasserait, le sommeil s'estompe peu à peu de mon crâne. Une main douce vient tendrement caresser mon épaule alors que mes paupières s'entrouvrent doucement... Suis-je véritablement là,éveillé à la Vie ou me réveillais-je dans l'au-delà tant la douceur de cette main me fait croire à un ange ?...Je n'ai point le temps de répondre que déjà des lèvres pulpeuses à souhait se soudent sur les miennes afin de voluptueusement m'inviter à honorer la Vie...Tous les matins sont une fête perçus de cette manière. »
-2-
« Un orage d'eau chaude s'abat sur moi lorsque ma main tourne le robinet de la douche. Chaque goutte qui tombe sur ma peau fouette mon sang de paresseux lascif quand de doigts longs et fins m’enduisent de gel lavant...Des seins joliment dessinés se plaquent contre mon buste pour retenir un torrent de mousse parfumée au risque d'embraser nos bassins ruisselants...Tout les moments de douche sont une véritable fête vécus de cette façon. »
-3-
« Afin de ne pas choquer nos semblables il est de circonstance de s'habiller un tant soit peu avant que de paraître. Mes yeux éblouis admirent un minuscule triangle de dentelle remonter le long de jambes délicieusement galbées pour finalement se caler au creux d'une savoureuse vallée...Puis une robe fluide est promptement enfilé ne laissant transparaître que deux tétons outrageusement arrogants...Toutes les séances d'habillage sont un jeu divin et une fête pour tout les sens. »
-4-
« Partant pour une matinée de labeur, nos doigts enlacés s’imprègnent une dernière fois l'un de l'autre...Bouches murmurant la fièvre qu'il faudra contenir jusqu'à tout à l'heure...Mains effleurant fébrilement nos joues brûlantes en attendant d'explorer,plus tard, nos plus secrets jardins...Fouillant ma poche,j'y découvre un mot très court écrit à l'encre de ton cœur sincère et cela me fait fondre...Partir au travail dans ces conditions devient moins dur tant la promesse de se retrouver est forte...Toutes les matinées abordées de cette façon sont une fête. »
-5-
« Malgré sa courte durée, le Douze-Treize est un moment de détente où assis en face-à-face devant deux généreuses assiettes de civet zourite nous papotons amoureusement. Nos pieds,sous la table, jouent à s'enlacer...et à caresser nos cuisses...Nos verres se lèvent et nos yeux se noient dans nos regards intenses...Tout ces petits breaks de Midi partagés de cette manière sont une fête merveilleuse. »
-6-
« Un baiser goulûment appuyé clos langoureusement cette pose médiane et l'après-midi au bureau passe beaucoup plus vite...Chaque fois qu'en travaillant, je passe discrètement la pointe de ma langue sur mes lèvres je peux y retrouver l'incendiaire saveur de ce baiser...au point que j'ai peur que le bord de ma tasse à café ne vienne l'effacer...Une joue a sensuellement déposé au creux de mon épaule les traces subtiles d'un parfum envoûtant dont les flagrances me rappellent nos joutes amoureuses...Toutes les après-midis passées de la sorte sont une fête car elles nous rapprochent d'instants encore plus tendres. »
-7-
« Faisant chacun rapidement nos courses en sortie de bureau,au deux extrémités d'une ville baignée de lumière tropicale,nous imaginons des jeux de séduction...Nous dégustons mentalement de ludiques effeuillages à venir...au point qu'un trouble manifeste embrase nos entrailles d'un feu ardent...Nous envisageons le scénario sans fin,mais sans cesse réinventé,d'une tendre comédie libertine où nos cœurs et nos corps déclameraient une ode romantiquement charnelle à l'Amour. Même les moments de séparation temporaire sont une fête tant le désir de l'autre que l'on va retrouver est intense. »
-8-
« Après un bain de détente, nous nous concoctons un repas sympa afin de reprendre des forces. Le dessert se prend dans le salon vibrant de musique douce et chaleureuse...les rondelles de fraise,la chantilly,les bananes ou le miel parent nos corps devenus coupe à fruits...Nos langues gourmandes s'y afférent avec soin et passion...Appréciant de manger avec des baguettes comme dans les traditions asiatiques,nous remercions Dame Nature de nous en avoir si généreusement doté...Nous buvons mutuellement le nectar de notre émoi jusqu'à la plus troublantes des griseries...D'intenses moments de gastronomie en fin de journée,ou à n'importe quel instant, sont eux-aussi une réelle fête. »
-9-
« La soirée se poursuit sous de prometteurs augures, vite douchés nous revêtons des tenues dignes de célébrer l'apparition des étoiles...dans le ciel car celles qui emplissent nos cœurs ne se couchent jamais...Nos gestes doux tracent sur nos peaux à peine cachées les codes d'une cabalistique érotique abyssale...Nos corps tendus de désir et d'amour tanguent comme un bateau ivre, la lingerie vole au vent comme une voile mal arrimée...Nos doigts tels des matelots trempés courent en tout sens pour contenir la puissance du cyclone qui secoue nos âmes...La saveur saline d'embruns intimes éclate sur ma langue...Nous voguons à l'unisson malgré la violence des vagues de bonheur qui irradient nos reins...Un tonnerre de gémissements et de râles de plaisir annonce la fin prochaine de cette très sensuelle tempête...Soudain les éléments se calment comme par enchantement, le clapotis de l'onde entre nos corps enlacés se fait discret...annonçant l'approche d'un tendre rivage où nous pourrons passer la nuit blottis l'un contre l'autre...jusqu'au prochaines lueurs du jour...Âmes et corps intimement soudés, c'est encore une magnifique fête que nous venons de vivre. »
-10-
« Morphée nous invite à rejoindre le domaines des nimbes et abandonnant, pour quelques heures, nos enveloppes charnelles enlacées nos esprits la suivent dans le monde fantastique des songes main dans la main...Nos rêves libérés de toutes contraintes physiques nous propulsent vers une autre perception du Désir,nos sentiments réciproques deviennent les ailes d'un tout capable de nous faire survoler l'infinie tendresse qui chaque jour et chaque nuit nous unis d'avantage...Auréolés d'une douce sérénité,nos esprits rayonnent de Bonheur pendant que nos corps s'octroient un repos mérité...Sous un firmament étoilé du feu d'authentiques de nos émotions, notre nuit elle aussi est une fête. »
Voilà ma plaidoirie pour exprimer combien il est injuste de limiter à un jour par an le mot de « fête » pour des êtres amoureux alors que quotidiennement c'est une bonne dizaine de fois que j'userai de ce terme...Être amoureux est une fête en soit qui ne peut être honorer en un temps imparti quelconque vu que chaque instant et le suivant nous invitent à croire en l'intemporalité de cet état...
-Te satisferais-tu, Chère lectrice, que l'on se rappelle à tes nobles sentiments et tes douces étreintes que vingt-quatre heures par an au risque évident de laisser fleurir un cruel manque d'amour ?...Ne préférerais-tu pas que ton cœur comme un diamant incandescent soit fêté chaque jour par l'être qui t'est cher?...Penses-tu raisonnable et logique qu'un calendrier n'octroie à l'Amour qu'une ridicule journée alors qu'il en consacre des centaines au labeur?...
Oui ! Dans nos sociétés modernes il est force de constater que l'Amour,dans tout ses états, passe pour être un frein au productivisme donc pourquoi le trop fêter...alors que dans des civilisations anciennes,il était élevé au rang de culte sacré auquel il était mal vu de ne pas participer...Des prêtresses enseignaient la sagesse que de longues nuits d'extase amoureuse apportaient. Le cœur et tout ce qui fort joliment l'entoure ne font qu'un, tout deux doivent être intensément célébrés chaque jour afin que jamais ne fanent les roses...pour que jamais la rouille grippe nos sentiments...
S'en tenir juste à la Saint Valentin correspond à cautionner un planning pré-établi où chaque chose à sa petite place de parking...alors que l'Amour est un appel vers des autoroutes de liberté que jalonne l'intensité de son infinie profondeur ...Alors peut-être qu'il n'est pas politiquement souhaitable de le fêter chaque jour car cela pourrait remettre en question un ordre social déjà fragilisé par trop de leurres...
Pour te laisser le temps de réfléchir à tout cela,Chère lectrice, je conclurais par le message que des femmes ont gravé dans l'Histoire...message éminemment politique et profond...
Durant la grande Crise aux États Unis, la misère frappait une cohorte de petite gens, des femmes d'ouvriers au chômage et des paysannes ruinées unirent leurs efforts pour que leurs enfants ne meurent pas de faim...avec des moyens très limités,elles parvinrent à cultiver quelques arpents de terre pour que survivent leurs familles...Elles manifestèrent face à la police montée sous un seul slogan bien plus censé que ceux des partis politiques en place...En lettres de sang elles réclamaient :
« Some bread and few roses »
Du pain et quelques roses ...à manger pour nos enfants et quelques signes d'amour pour que notre quotidien soit dignement viable...Alors, Chers Amis(es) ne croyez-vous toujours qu'une seule journée soit suffisante pour fêter l'Amour ?...
De plus, confronté maintes fois à la disparition brutale d'êtres chers, j'ai appris qu'il ne fallait surtout jamais reporter à demain une phrase affectueuse ou un mot gentil...En amour plus que dans tout autres domaines,il faut être conscient de l'urgence qu'il y a d'exprimer aujourd'hui ses sentiments car si par malchance demain était funeste ceux ou celles à qui on les destine ne pourraient peut-être plus les entendre. Oui ! Il faut fêter l'Amour avant qu'il ne soit trop tard. Donc attendre d'un 14 Février à l'autre pour honorer celle ou celui que l'on aime me semble un tantinet ridicule et excessivement long !...
Honnay Fogleef
Dessin Frenchy