Bien sûr, l’Allemagne nazie n’est pas l’Allemagne d’aujourd’hui. Malgré toute l’antipathie que m’inspire madame Merkel, je trouverais abject de la comparer, même de loin en rigolant, à Hitler. Cette histoire était là avant elle, mais elle aurait tout à gagner à mettre les cartes sur la table … et les euros dans les caisses grecques.
Pourquoi cette dette n’a-t-elle jamais été remboursée ? tout simplement parce-que ce n’était pas prévu par les accords de paix de 1945. Il s’agissait alors de ne pas refaire les erreurs du Traité de Versailles, qui, en rendant le peuple allemand seul responsable du conflit et en lui faisant payer le prix fort, avait mené directement au nazisme et au deuxième conflit mondial. Donc pas question d’envoyer illico la facture à l’Allemagne, d’autant plus que, dans le contexte de la guerre froide naissante, une Allemagne économiquement forte devenait un excellent rempart contre le communisme. Un accord de 1953 prévoit néanmoins un paiement possible de la dette de l’Allemagne nazie si l’Allemagne est réunifiée, chose à laquelle on croyait assez peu. Arrive 1990 et la réunification : par un tour de passe-passe, l’Allemagne toute neuve échappe au paiement de la facture. Mais les archives, les historiens et les journalistes n’ont pas forcément la mémoire courte, et l’affaire ressort pile au moment où les Grecs, trahis et désespérés, mettent le feu à leur pays quand ils n’essaient pas purement et simplement de le quitter.
—> A cliquer :
- Pascal PIEDBOIS-LEVY, “Une vieille dette nazie qui fait tâche”, site web du Nouvel Obs, 14 février 2012
- Michel COLOMÈS, “Grèce, quand l’Allemagne oublie ses dettes”, site web du Point, 23 septembre 2011
- Marie GUITTON, “Dette : le chassé-croisé germano-grec”, La Gazette de Berlin, 13 juin 2011
- Kai STRITTMATTER, “La guerre des clichés fait fureur”, article du Süddeutsche Zeitung traduit par PressEurop, 1er mars 2010