Et si nous étions nostalgique de notre ancienne génération ? C’est la question que l’on peut aisément se poser en voyant débarquer la dernière compilation de Konami proposant de retrouver, en HD, les anciens opus de la série Metal Gear Solid. Si on imagine bien que l’éditeur voit dans ce portage un bon moyen de grappiller de l’argent à moindre frais, on peut également y voir la réponse à une demande émanant des joueurs. Après tout, l’idée est plutôt alléchante : retrouver Metal Gear Solid 2, 3 et Peace Walker sur une galette, retouché pour l’occasion. Comme nous savons déjà ce que vaut ces épisodes, concentrons-nous surtout sur le dépoussiérage fait par Konami. Test d’une réédition de qualité.
Bluepoint Games, le studio à la tête de ce portage moderne, est un grand habitué des rééditions. Celui-ci nous a déjà offert Ico, Shadow of Colossus et God of War Collection. De mémoire, les éditions étaient de bonnes factures. De toute manière, le développeur américain ne se mouille pas trop : son unique travail consiste à redonner une certaine jeunesse à ces titres qui ont déjà bien vécus. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est rafraîchissant. Nous en parlerons dans la dernière partie de ce test, avant ça ouvrons la boite de Pandore et voyons ensemble son contenu.
En avance sur son temps
Metal Gear Solid a toujours été une série avant-gardiste, en avance sur son temps. Que cela soit le scénario, la mise en scène ou encore la liberté laissée au joueur pour arriver à ses fins, la licence de Hideo Kojima a rarement déçu tant elle ne se pose jamais sur ses lauriers. Le créateur japonais puise son inspiration dans les films américains, la mise en scène en est une bonne preuve : stylisé jusqu’à la moelle, le jeu rappelle aussi bien les grands films d’espionnages d’époque que les western de Leone. Metal Gear Solid est une série qui brasse les genres pour mieux les utiliser. Les cinématiques, souvent longues et bavardes, sont toujours aussi bluffantes. Si hier ont était déjà bouché-bée devant le résultat, aujourd’hui la bouche est encore grande ouverte. La mise en scène n’a pas pris une ride. Pour varier un peu les plaisirs (et surtout histoire de donner une pseudo-liberté au joueur), il est toujours possible d’appuyer de temps à autre sur le bouton R1 pour observer la situation du point de vue de Snake lors des cinématiques. Si vous n’avez jamais touché à un Metal Gear Solid, sachez qu’il faut de la patience pour jouer à cette série, on passe énormément de temps à regarder l’action, ce qui donne l’impression d’être plus devant un film interactif qu’un véritable jeu. Tout dépend de l’affinité que l’on a avec le scénario, le pilier de la série. Un peu à la façon de Lucas avec sa série cinématographique Star Wars, Kojima narre son histoire à l’envers. C’est ici que réside le premier problème de cette compilation : pour bien comprendre le scénario du jeu, il faut avoir joué au premier Metal Gear Solid… qui n’est pas présent sur le disque Blu-Ray. Pourquoi ? C’est regrettable car Konami avait déjà développé une réédition de ce fameux volet sur GameCube : The Twin Snakes.
Pour revenir sur le scénario du titre, celui-ci prend un malin plaisir à mélanger réalité et fiction. Basé sur la véritable histoire de la Guerre Froide, le titre vous permet de réviser les grands moments de cette période (tout en vous piégeant en rajoutant des éléments fictifs). Pour faire vivre son histoire et lui donner un côté véridique, l’équipe de Kojima n’a pas hésité à prendre des images d’archives. Difficile d’expliquer à un non-connaisseur de la série le scénario de Metal Gear tant il est complexe. Pour faire simple, on pourrait dire que c’est l’histoire d’une arme de destruction massive pas comme les autres, le Metal Gear.
C’est vague, mais le mieux reste de se plonger dans la série.
Le temps a fait son oeuvre
La maniabilité, hier parfaite, perd un peu de son prestige en 2012, maintenant que d’autres ont inventé la souplesse (Splinter Cell). Tout comme lors de la sortie de MGS 2 : Sons of Liberty, il faut du temps pour s’adapter au jeu. Cette complexité de base laisse apparaître, une fois digérée, un gameplay efficace et bien pensé. Notamment à partir du troisième épisode qui reprend la recette pour l’améliorer encore. Malheureusement, les bugs d’origines sont toujours présents. L’I.A fonctionne parfois de manière aléatoire et la caméra fait souvent des siennes. On rajoutera à tout ça que le héros est toujours aussi rigide, ce n’est pas une erreur en soi, mais plus un défaut qui aurait pu être corrigé. Heureusement, Konami a eu la bonne idée de reprendre les éditions Substance et Subsistence de MGS 2 et 3. Ces versions, sortis quelques temps après la parution des originaux, offraient des corrections et allongeait la durée de vie des titres. La caméra, gênante dans le deux, est plus souple dans le troisième volet, car totalement libre. Ce n’est toujours pas le nirvana, mais c’est plus agréable. De plus, Snake Eater nous propose de parcourir les deux premiers volets de la série Metal Gear sortis sur MSX.
Le portage qui étonne
Peace Walker est un épisode un peu à part car celui-ci a vu le jour non pas sur Playstation 2, mais sur la console portable de Sony : la PSP. Le développeur a donc dû retoucher autant le gameplay du titre, que son aspect graphique. C’est sûr qu’il y a un fossé entre une console ne possédant qu’un stick ainsi qu’un écran limité et une véritable console avec deux sticks et un affichage bien plus conséquent. Septique ? Ne le soyez pas, Peace Walker s’en tire plutôt bien. La maniabilité, adaptée, permet de découvrir ce volet dans les meilleures conditions. Le deuxième stick apporte vraiment au jeu. Différent des deux autres volets disponibles sur le Blu-Ray, cet épisode favorise la stratégie et propose un gameplay innovant. Le titre n’a pas perdu en route son mode Online, ce qui est plutôt positif.
Techniquement parlant
Graphiquement, cette compilation est assez contrastée. Metal Gear Solid 2, derrière sa décennie achevée, impressionne. L’ensemble est vraiment propre pour un titre qui a traversé toute l’époque Playstation 2. Snake Eater suit le même chemin. Les textures ne bavent pas, les jeux sont fluides et l’aliasing a quasi-disparu. Peace Walker est encore une fois à part. Le rendu, bien que tout à fait passable, détonne par rapport aux deux autres volets. Rien de bien méchant cependant, Bluepoint Games a soignée sa copie.
Musicalement, c’est du tout bon par contre, les voix ressortent parfaitement (et le jeu d’acteur est excellent, surtout Snake) et la musique, très cinématographique, fait bien son travail. Rien d’indigeste donc.
Conclusion : 8.5/10
Fini les excuses, si vous n’aviez jusqu’ici pas encore mis la main sur Sons of Liberty et Snake Eater, Konami vous offre aujourd’hui une ultime occasion de vous rattraper (avant une compilation supra HD la génération prochaine ?) ! Contre une quarantaine d’euros, l’éditeur vous propose de (re)découvrir deux monuments Playstation 2, un sympathique épisode PSP pour la première fois sur grand écran et les deux premiers Metal Gear sortis sur MSX, le tout en haute définition ! Autant dire que le rapport durée de vie/qualité/prix est plutôt intéressant, ce qui est assez rare par le temps qui court ! Metal Gear Solid HD Collection, ou le bon plan de ce début 2012.
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