La Prima Diva assolutissima a une nouvelle fois (et dernière) laissé le public de l'Opéra de Munich éperdu d'admiration et trépignant de reconnaissance (à Munich on applaudit des pieds et des mains quand on n'en peut plus d'admiration). L'on ne peut que confirmer la présentation qu'en a faite le Bayerische Staatsoper sur son site:
Un opéra pour une reine, une oeuvre pour Edita Gruberova! La Prima Donna assoluta du bel canto triomphe dans ce drame. Soit une maison d'opéra peut engager 'la Gruberova', soit elle ne joue pas cette oeuvre.
Edita Gruberova a fait une démonstration époustouflante de psychologie vocale. Rarement a-t-on pu entendre une soprano insuffler tant de nuances dans chacune des notes qu'elle cisèle de manière adamantine. La cantatrice parvient à rendre toute la palette de la passion amoureuse. Elle incarne la femme qui attend l'aimé, la femme qui espère, la femme soupçonneuse qui jalouse et qui finit par haïr, la femme qui aime éperdument et se soumet, celle qui hésite puis pardonne, et encore la femme qui se venge... Les hésitations entre le sens du devoir politique, l'exercice du pouvoir, de la domination d'une part et la passion amoureuse de l'autre, jusqu'à la condamnation de l'aimé plusieurs fois différée. Chacun de ces sentiments, chacune de ces émotions est détaillée et transposée en un son précis qui les rend parfaitement. C'est un rôle qu'on ne peut sans douter qu'aborder dans la maturité et avec l'expérience de la vie. La complicité du chef d'orchestre Haider accompagne chaque aria de la cantatrice qui fait de la musique de Donizetti l'écrin parfait pour le collier de perles vocales que distille Dame Gruberova. Et, dans ce rôle, Edita Gruberova déploie de plus des talents de comédienne dramatique hors du commun. Une performance intégrale aux confins de la perfection.