Marine Le Pen nous répète depuis des semaines, que son parti a du mal à trouver les 500 parrainages indispensables à sa candidature pour la présidentielle d’avril prochain.
On peut s’interroger s’il s’agit d’un coup de bluff, auquel le Front national a recours à chaque élection présidentielle, afin de se faire passer pour le parti hors-système. En 2007, Jean-Marie Le Pen en avait récolté 507. A la juste limite supérieure du seul des 500 signatures.
Depuis 2007, des études sur le profil des parrains relèvent que ceux-ci étaient les maires des petites, voire des très petites communes ( de 50 à moins de 250 inscrits sur les listes électorales ). Dans ces communes, il a été constaté que le vote FN y était supérieur au score frontiste dans les communes environnantes. Et ce score était dû au soutien reconnu du Maire au candidat d’extrême-droite. Les édiles municipales savaient qu’en donnant leur parrainage au candidat du FN, ils influenceraient sur le vote des électeurs de leur commune et qu’ils n’étaient en rien en déphasage avec leurs concitoyens.
Cette influence est dûe au fait que les électeurs de ces communes apprennent le soutien de leur élu, par la publication des noms des parrains dans la presse. Mais si, l’officialisation des noms des signataires ne rencontre que peu d’hostilité dans les communes, de la part de leurs habitants, elle pose malgré tout un problème au Maire. Celui de dévoiler aux autres élus, les préférences politiques du parrain.
Dans des Régions et des départements détenus par la Gauche ou l’UMP, dans des syndicats intercommunaux où les tendances politiques se confrontent, le choix d’un Maire pro-FN est plus qu’embarrassant pour la commune et ses besoins de subventions.
Et celà est sans doute la principale raison aux difficultés de la candidate d’extrême-droite pour, officiellement, trouver ses 500 parrainages.
Et pourtant, ces parrainages potentiels existent bien. Lors des sénatoriales de 2011, le FN a receuilli près de 1200 voix ( plus de 60 en Seine-et-Marne ) pour une audience nationale estimée à 50 voix. Au-delà des 500 signatures demandées, le FN dispose donc d’une réserve suffisante pour parer à la défection de l’un ou l’autre des éventuels parrains. Et malgré, cette réserve, le Front national peinerait à trouver des élus prêts à signer pour lui.
Des élus qui votent pour les candidats FN dans des scrutins aux votes anonymes et qui, aujourd’hui, ne veulent pas ou plus, voir leur nom affiché dans la presse. Des élus, au vote honteux.
Alors, faut-il rendre le parrainage anonyme ? Je pense que non. Un Maire a des droits et des devoirs. Le premier de ces devoirs est de rendre-compte de son action devant les électeurs. Et si le parrainage d’un candidat à l’élection présidentielle, est un de ses droits, s’en expliquer devant ses concitoyens en est un devoir. Et il est surement difficile pour un Maire élu sur une liste dite « apolitique » de venir expliquer aux habitants de sa commune et aux élus de sa région, qu’il supporte, publiquement, les idées et thèses de l’extrême-droite.
Peut-être, faudra-t-il à l’avenir changer ce mode de parrainage. Nous diriger vers un système de collecte de signatures citoyennes, dans lequel, il faudrait cinq cent mille ou 1 million de signatures pour permettre à un candidat de se présenter à l’élection présidentielle.
Et ainsi, « libérer » les Maires du lourd fardeau moral qui pèse sur eux, quand l’heure arrive d’expliquer les raisons de leur soutien aux thèses racistes et nationalistes du Front national et de celui ou celle qui est appelé à le représenter à la présidentielle.