Dans un article publié sur arXiv [1], des chercheurs de l'Université de Vienne, de l'Université de Médecine de Vienne, du Santa Fe Institute et de l'IIASA proposent une méthode de détection statistique des irrégularités électorales - et appliquent cette méthode à quelques exemples de scrutins.
Ce ne sont pas les électeurs qui comptent, ce sont ceux qui dépouillent les votes...
Urne électorale durant un processus de vote
Crédits : Pierre-alain dorange
Les démocraties se fondent sur le postulat que le vote de chaque citoyen a une égale importance ; des élections libres sont donc à la base de toute société démocratique. Mais comme le souligne cette citation attribuée à Staline, "ce qui compte, ce n'est pas le vote, c'est comment on compte les votes". Les élections nationales peuvent être vues comme des expériences sociales de grande ampleur où les citoyens sont regroupés en un grand nombre de districts électoraux. L'article part du principe que le nombre important de vote implique l'existence de conséquences statistiques dans les résultats des votes, conséquences pouvant être utilisées afin de déterminer s'il y a eu fraude électorale ou non. En utilisant une réduction de données appropriée, les chercheurs constatent que les distributions des voix dans les scrutins souvent considérés comme truqués possèdent un kurtosis [2] d'un ordre de grandeur cent fois supérieur à celui d'élections normales, comme ils le constatent notamment en analysant les résultats des élections de la Douma russe en 2011. Les chercheurs proposent également un test paramétrique capable de détecter certaines propriétés statistiques indiquant la non-adéquation des résultats avec le choix du peuple.
Enfin, Stefan Thurner et son équipe ont appliqué leur méthode à des élections récentes en Autriche, en Grande-Bretagne, en Suisse, en Finlande, en Espagne, aux Etats-Unis, en Russie et en Ouganda. L'analyse statistique suggère des fraudes dans les deux derniers pays cités.
[1] "It's not the voting that's democracy, it's the counting: Statistical detection of systematic election irregularities", Klimek, P., Yegorov, Y., Hanel, R., Thurner, S., sur arXiv : http://arxiv.org/pdf/1201.3087.pdf
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[2] Le kurtosis (ou coefficient d'aplatissement) correspond à une mesure de l'aplatissement de la distribution d'une variable aléatoire réelle. Elle mesure la disposition des masses de probabilité autour de leur centre, tel que donné par l'espérance mathématique, c'est-à-dire d'une certaine façon, leur regroupement proche ou loin du centre de probabilité.