" Penser aujourd'hui une dissidence possible consisterait d'abord à penser contre. Penser contre l' hubris qui s'est emparée des oligarchies libérales et mène la terre entière au fracas. Penser contre l'illimitation de la croissance qui devient criminelle dans un monde fini aux ressources restreintes. Penser contre l'illimitation du bougisme universel qui sacralise le nomadisme des hommes, des marchandises et des capitaux et qui fait droit au circulant contre la légitimité de l'habitant, mettant chacun en situation de concurrence totale au seul bénéfice d'une minorité de global leaders qui, depuis trente ans, a capitalisé à son seul profit la totalité des gains de productivité et qu'une existence off-shore protège par ailleurs des effets pervers de son activisme sans bornes. Penser contre l'illimitation territoriale qui rejette et détruit les anciens parapets protecteurs au nom d'un cosmopolitisme marchand destructeur de ce qui demeure encore des identités vivantes et des connivences sociétales. De ce point de vue, l'Union européenne, devenue un simple segment du marché mondial et une sorte d'agence humaine globale sans histoire et sans géographie, comme le déplore un esprit aussi raisonnable que Pierre Manent, ne peut que soulever la désapprobation des bons européens. "
(Pierre Bérard, Eléments juillet 2009)