Me fondant sur des souvenirs vieux de près d’un demi-siècle, j’aitenté de retrouver des détails sur une précédente immixtion d’une puissance étrangère dans une élection française. Je ne suis pas certain de dater cet événement avec certitude mais je tente néanmoins ce rappel qui me semble intéressant.
Tout en s’élevant contre la mainmise de l’URSS sur l’Europe Centrale, le général de Gaulle a entretenu des rapports avec cette grande puissance. Il s’y est rendu en visite officielle dès décembre 1944, a accueilli en mars 1960 Nikita Krouchtchev à Paris et a accompli un second voyage de dix jours en juin-juillet 1966.
Élu président de la République en décembre 1958 par un collège électoral, il fait adopter par un référendum en avril 1962 le principe de l’élection du président au suffrage universel. L’année 1965 voit ainsi la première élection présidentielle, avec un président candidat à sa réélection.
On apprend alors que, le 23 février 1965, l’ambassadeur d’URSS en France, Sergueï Vinogradov, s’est rendu à l’Élysée pour rencontrer le Général de Gaulle. Je n’ai pas l’absolue certitude que ce soit à cette date que les réactions dont je vais faire état maintenant aient eu lieu mais par contre je suis certain qu’on a pu les relever dans ce genre de circonstances.
Cette visite de l’ambassadeur a été interprétée comme un soutien apporté par l’URSS à la candidature du général de Gaulle. Elle montrait ainsi qu’elle était attachée au maintien des liens qui avaient été établis avec elle par notre président et qu’elle préférait la stabilité à une aventure avec d’autres dirigeants, quand bien même ils pourraient être idéologiquement plus proches d’elle. Nombreux furent alors ceux qui dénoncèrent cette ingérence d’un pays étranger dans les affaires intérieures françaises.
De nos jours, foin de ces préventions ! Qui oserait parler d’un parti de l’étranger ? Au cours du dernier trimestre, nous avons pu voir Madame Merkel, flanquée de notre président, tenir avec lui des conférences de presse pour célébrer leurs succès. Curieuse Union d’égaux où deux membres se proclament plus égaux que les vingt-cinq autres. Notre président, qui s’était fort d'obtenir de Madame Merkel qu’elle se rangeât à ses vues sur le rôle de la BCE, opinait du bonnet à des déclarations opposées à ce qu’il trompetait encore la veille.
Le summum a été atteint lorsque ce couple bizarre s’est imposé à nos écrans pour exalter l’excellence du président pas encore candidat, celui dont les thuriféraires mettent sans cesse en avant l’expérience. Ah oui, quelle réussite ! Venir dodeliner de la tête à chaque phrase de la chancelière d’un pays ami, il y a encore quelques années un nain politique. Du temps de de Gaulle, une visite discrète, d’un simple ambassadeur, déclenchait un scandale. De nos jours, c’est un chef de gouvernement étranger qui publiquement, urbi et orbi, vient apporter son soutien à un président français au comble de l’impopularité.
On eut dit un entretien d’embauche où le candidat était venu accompagné de sa maman.