Les enfants nés de mères traitées par chimiothérapie durant les 2 derniers trimestres de leur grossesse présentent des résultats tout à fait normaux en termes de développement physique et mental, selon cette recherche menée sur 70 enfants exposés à la chimiothérapie in utero. Cette étude internationale, publiée dans l'édition du 12 février, du Lancet Oncology, suggère également 2 recommandations d'ordre général, éviter l'accouchement prématuré qui est associé à un risque de QI moindre et ne pas retarder une chimiothérapie nécessaire chez la femme enceinte.
Cette étude qui ne permet pas, compte-tenu du petit nombre d'enfants suivis, de fournir une preuve définitive de l'absence de risque pour l'enfant à naître d'une exposition in utero à la chimio, est la première étape d'une étude de confirmation plus large et de plus long terme. Néanmoins ces premiers résultats sont positifs. Les décisions thérapeutiques durant une grossesse doivent être prises dans l'intérêt de la mère, rappellent les auteurs, en essayant d'éviter tout risque pour l'enfant. Alors que de précédentes études ont suggéré que l'exposition in utero à la chimiothérapie au cours des 12 premières semaines de grossesse peut augmenter le risque de malformations congénitales chez l'enfant, alors qu'en pratique clinique, le traitement par chimio de la mère est parfois inévitable, cette étude de cohorte porte, elle, sur les 2 derniers trimestres de grossesse.
Les chercheurs de l'Institut du cancer et de l'Université catholique de Louvain (Belgique), et d'autres centres de recherche en République tchèque, des Pays-Bas et du Canada ont suivi la santé de 70 enfants, recrutés dans des centres de traitement du cancer en Belgique, aux Pays-Bas et en République tchèque, entre les âges de 18 mois et 18 ans. Les enfants ont été évalués aux âges de 18 mois, 5-6 ans, 8-9 ans, 11-12 ans, 14-15 ans, ou 18 ans, avec examens neurologiques, tests de la fonction cognitive dont tests de QI, examens cardiaques, santé générale et développement. Les résultats ont ensuite été comparés avec les normes disponibles dans les bases de données nationales.
Pas de risque accru de troubles neurologiques, cardiaques ou de croissance par rapport à la population générale :En moyenne, les enfants sont nés à 35,7 semaines de grossesse, donc la plupart étaient prématurés. Seuls 23 bébés (33% de la cohorte) sont nés à terme (soit à 37 semaines ou plus). Leur fonction cognitive, cardiaque, l'ouïe, la croissance et le développement mental s'avèrent tout à fait comparables à la population générale. Après ajustement, les chercheurs constatent une augmentation de 11,6 points dans le score de QI pour chaque mois supplémentaire de grossesse.
Alors que seule la naissance prématurée est associée à de plus faibles résultats cognitifs, les chercheurs suggèrent de ne pas provoquer, lorsque c'est possible, l'accouchement prématuré chez les femmes sous chimiothérapie. Les chercheurs préconisent également de pas retarder une chimiothérapie nécessaire chez les femmes enceintes.
Source:The Lancet Oncology, Published Online February 10 2012doi:10.1016/S1470-2045(11)70363-1Long-term cognitive and cardiac outcomes after prenatal exposure to chemotherapy in children aged 18 months or older: an observational study (Visuel © cleomiu - Fotolia.com, Santé log SAD N°13)
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