Si le Code de santé publique inclut dans les champs d'intervention des chirurgiens-dentistes, en plus des dents, de la bouche et des maxillaires, les tissus attenants, ce n'est pas l'avis ni de la Direction générale de la Santé pour ce qui concerne les injections de produits injectables de comblement des rides. La secrétaire d'Etat à la Santé a interdit, le 12 février, aux chirurgiens-dentistes de procéder à des injections d'antirides pour regonfler les lèvres de leurs patients.
Alors qu'actuellement, en France comme dans de nombreux pays européens, il n'existe pas de cadre réglementaire de la pratique de l'injection de produits injectables de comblement des rides, que ces produits sont définis comme des dispositifs invasifs chirurgicaux longs terme et que la seule recommandation faite aux chirurgiens est de choisir des produits à marquage CE, l'attaque du problème semble ici passer par « le petit bout de la lorgnette », stigmatisant une profession au lieu de réglementer l'ensemble du marché.
Les produits de comblement à base d'acide hyaluronique (AH) aujourd'hui fabriqués par biofermentation bactérienne et modifiés chimiquement par des molécules nommées « agent réticulant », ne sont pas résorbables, c'est pourquoi ils ont déjà suscité en juillet 2010, une alerte de l'Afssaps et un rappel des conditions d'injection. L'Afssaps avait demandé une certaine traçabilité des interventions de comblement des rides, comme pour les implants, mais il n'existe pas à ce jour, de registre. La DGS devait préparer un encadrement général.
Bouche ou autour de la bouche ? Le cas des « chirurgiens-dentistes » repose sur une question d'interprétation de la loi, différente pour la Secrétaire d'Etat et l'Ordre national des chirurgiens-dentistes (ONCD), mais reste très loin d'aborder la question dans son ensemble. Car au-delà d'une pratique par des professionnels de santé non-chirurgiens, et ici par quelques centaines de chirurgiens-dentistes, reste la dangerosité de ces produits à plus longs terme, la connaissance et la surveillance de leurs effets indésirables, la disponibilité étendue de ces kits de comblement des rides sur Internet.
La discussion s'oriente néanmoins pour l'ONCD vers un recours à la Cour européenne de justice pour obtenir à nouveau l'autorisation de pratiquer des injections sur les lèvres et, pour le Ministère, vers la publication d'un décret d'application. Chirurgiens esthétiques, chirurgiens-dentistes, c'est à quelle profession défendra le mieux son domaine d'intervention, dans un contexte juridique encore très flou en France et au niveau européen…pour la sécurité des patients.
Source : Afssaps Produits injectables de comblement des rides- Visuel
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