Nord et Sud
Après le froid du Danemark cap au sud direction l'Espagne
Si vous pensez que ce roman se passe au Japon, oubliez tout de suite !
Nous sommes à Barcelone en Mai 1981, la tentative de coup d’état contre la démocratie date de quelques mois.
Antonio Tejero le 23 février 1981
à la tribune du parlement espagnol © AFP
Une femme, qui sait que sa mort est proche, livre les détails de sa vie. C’est une brillante avocate qui a envoyé sous les verrous un inspecteur jugé coupable d'une grosse bavure policière. Ce qu’elle ignorait alors c’est que quelqu’un tirait des ficelles dans l’ombre et que, comme une marionnette, elle avait fait ce qu’on attendait d’elle et comme Pandore elle avait lâché la folie et le vice dans les rues.
Pour comprendre comment tout cela a commencé il faut faire un saut dans le temps et l’espace.
Mérida en Estrémadure 1941
Une ville qui bruit encore de la lutte entre républicains et phalangistes. Une femme attend sur un quai de gare, elle est belle, elle est la femme d’un dignitaire franquiste et donc du côté des vainqueurs. Un enfant l’accompagne, c’est son fils, le plus jeune, car l’aîné elle l’a tout bonnement abandonné.
Isabel, c’est son nom, n’atteindra jamais sa destination, l’enfant sera confié à son père, son père qui le hait. Un instituteur de village s'est épris de cette femme qu’il n’aurait jamais du regarder , tel le « ver de terre amoureux d’une étoile » et ce pêché il va le payer au prix fort.
Entre ces deux dates l’auteur nous plonge dans la période sombre de l’Espagne, la terrible guerre civile, le franquisme, les débuts de la démocratie à deux doigts d’être confisquée.
Quarante années pendant lesquelles d’aucuns ont laissé libre cours à l’ambition, à la haine, d’autres ont paufiné leur vengeance, certains enfin sont assaillis par la culpabilité.
Vous allez écouter la voix de María qui va revenir sur ces temps où les assassinats sont la façon simple d’éliminer un gêneur, où la torture se pratique en toute impunité.
De quel côté se situent les descendants, les héritiers ? y a t-il un rachat possible ?
Tombes des soldats de la Division Azul
Ce livre est un polar oui mais il est beaucoup plus : une histoire rouge sang où victimes et bourreaux se croisent, se reconnaissent.
Pour filer la métaphore japonaise je dirais que l’intrigue se déplie comme les origami, chaque pliure dévoile un peu de l’intrigue, les liens entres les personnes apparaissent.
Ce qui est certain c’est que, composé comme une tragédie antique, ce livre est fait pour être dévorer, des geôles franquistes à la Division Azul, des amours impossibles à la vengeance inéluctable, on est totalement pris par le récit. Une vraie réussite
Le livre : La Tristesse du Samouraï - Víctor del Árbol - Traduit de l’espagnol par Claude Bleton - Editions Actes Sud