Aujourd’hui un petit billet empli de colère, d’incompréhension, de peur et aussi de grande tristesse à l’image de ce tournesol fané. Ce début d’année a été une véritable hécatombe autour de moi : trois rechutes et un décès d’amies chères, pour certaines virtuelles , qui me mettent dans une rage contre cette maladie dont on ne guérit jamais, quoi que les pouvoirs publics en disent ! Le cancer est sournois, il reste tapi, parfois pendant des années, nous donnant une fausse impression de guérison et de liberté retrouvée.
S’il devient presque banal pour les bien-portants puisqu’il se “guérit”, nous savons, nous, que ce n’est pas si simple. Chaque contrôle, chaque prise de sang, chaque mammo nous replongent dans son monde. Nous savons que nous pouvons basculer en quelques secondes dans les ténèbres et l’angoisse de l’attente ne peut être comprise que par ceux qui sont passés par là. Ce que je déteste par dessus tout ce sont les phrases que j’entends lorsque je vais faire mes examens ; “il n’y a pas de raison, tout va bien se passer, moi aussi je peux mourir demain” me serinent mes amis persuadés que cela va me rassurer. Non, nous n’avons pas le même risque parce que nous aussi nous pouvons nous faire écraser par un chauffard, nous aussi nous pouvons avoir un accident de voiture… mais à ces risques communs à tous nous cumulons celui de la rechute. Et quand elle surgit, tout s’écroule une seconde fois.
Je l’ai vécu quelques mois après la fin de mes traitements et je sais à quel point c’est un moment difficile, pire même que l’annonce. La récidive nous plonge dans une série de protocoles que nous connaissons déjà, ô trop bien. Nous savons que nous repartons vers l’enfer : perte de cheveux, nausées, extrême fatigue, douleurs variées … vont ponctuer les mois à venir. Les projets, les espoirs, la vie même s’arrêtent brutalement pour nous ramener vers ce tunnel dont on ne voit pas la sortie. La rechute c’est l’assurance de ne jamais plus croire en la guérison mais simplement espérer une rémission qui nous permettrait de revivre le plus longtemps possible loin des médecins. Ces médecins qui, de leur côté, avouent ne pas savoir quelle sera l’issue.
Alors colère oui, colère contre ce cancer qui nous colle à la peau comme une sangsue, contre ces cellules anarchiques qui se réveillent parfois même au bout de longues années de répit. Incompréhension, parce que comme je le disais dans mon précédent post, la culpabilité des survivantes, on ne sait pas pourquoi la foudre retombe sur l’une et épargne l’autre. Peur pour soi, pour elles face à la grande faucheuse qui repointe le bout de son nez. Et bien entendu extrême tristesse de savoir mes amies repartir dans un combat que je sais si difficile.
Alors les filles, je vous l’ai déjà dit, mais je suis là pour échanger, parler, vous rassurer si possible. Je vous accompagne chaque jour par la pensée. Je voudrais pouvoir vous tenir la main, sans un mot, parce que je sais qu’aucun mot ne peut dire votre souffrance. Et je terminerai ce post en vous donnant une note d’espoir : je suis encore là, 11 ans plus tard, malgré une rechute métastatique… je suis la preuve que c’est possible et bien sûr c’est ce que je vous souhaite du fond du coeur. Je vous embrasse tendrement.
Catherine
Illustration : Tournesol fané, acrylique sur toile par Atilol