[...]
Peu importe que tu ne sois pas là,
peu importe que je ne te voie pas.
Avant je t’embrassais,
avant je te regardais,
dans l’attente de toi
dans la faim pressante de toi.
Aujourd’hui je n’attends rien
des mains ni des yeux :
quelle dernière preuve ?
Etre à tes côtés
c’est ce que je voulais de toi,
oui, près de moi,
oui, mais au dehors.
Il me suffisait
de sentir tes mains
dans le don de tes mains,
de sentir un présence
de tes yeux à mes yeux.
Ce qu’à présent je veux de toi
c’est autre chose, tout autre chose
qu’un baiser, qu’un regard :
c’est que tu sois plus proche
de moi, au-dedans de moi.
Pedro Salinas