Elles se comptent sur les doigts de la main, les actrices capables de pénétrer l'univers de Winnie, célèbre héroïne de Samuel Beckett enterrée jusqu'à la taille, s'enfonçant toujours plus à mesure que le temps passe, soliloquant avec une joie de vivre certaine, à la fois superfétatoire et vitale pour supporter l'appréhension d'une issue fatale et inéluctable.
L'oeuvre est en effet d'une complexité rare. Bribes de phrases, répétitions, non sens, Incohérences... Nous sommes probablement nombreux à avoir tenté en vain d'en extraire la substentifique moelle lors de nos années collège (mais peut-être avez-vous eu droit à "Godot"...?). Catherine Frot rend cette parabole à la fois poétique et cruelle de la condition humaine évidente et limpide. Solaire, aussi forte que fragile, d'une bouleversante sensibilité, elle s'empare de sa partition avec une simplicité et une aisance qui nous laissent sans voix.
Impossible de tricher ou de compenser lorsque l'on n'a que la tête qui sort du sol. Il faut aller chercher la vérité d'un personnage au plus profond de soi, empli d'une sincérité absolue. Toutes les lignes de ce (presque) monologue, tous les gestes de l'actrice sont habités et chargés de sens sans que jamais pourtant cela ne semble pesant.
Car c'est bien la légèreté et la grâce de l'ensemble qui nous ont frappés et séduits. Le texte de Beckett devient lumineux dans cette version signée Marc Paquien où l'on rit par ailleurs souvent.
On le savait. Elle le confirme ici. Catherine Frot est une grande, très grande actrice.
C'est au théâtre de la Madeleine que vous aurez l'occasion d'apprécier tout son talent.
Courez-y !
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