Vous ne pourrez pas ne pas y penser à la lecture du pitch de la pièce. Evacuons donc tout de suite la question. Oui, "Race" de David Mamet, créée il y a deux ans aux Etats-Unis, comporte de troublantes similitudes avec le feuilleton judiciaire de l'été dernier, à savoir l'affaire DSK. Ici aussi, un homme blanc, riche, est accusé de viol dans une chambre d'hôtel par une femme noire, pauvre... Mais oublions ce hasard pas forcément heureux et penchons nous, si vous le voulez bien, sur le fond de l'oeuvre, écrite avec l'efficacité et le brio que l'on connaît à l'auteur.
Le sujet de "Race" est double. D'une part le fonctionnement assez désolant de la justice outre atlantique, pour laquelle il apparaît finalement comme secondaire, voire totalement accessoire, de faire éclater la vérité sur les affaires traitées. De l'autre, la question raciale s'immiscant en permanence dans le quotidien des américains. Racisme, Préjugés, méfiance ou défiance presque génétiques de la communauté noire vis à vis de la blanche, et inversement. Ajoutons au passage une peinture peu glorieuse mais finalement fort juste du métier d'avocat.
Car c'est dans le bureau des défenseurs, un avocat blanc et deux noirs incarnés par Yvan Attal, Sara Martins et Alex Descas, que l'action se déroule. Au lever du rideau, nous assistons à leur prise de contact avec l'accusé, joué par Thibault de Montalembert . Se met ensuite en place une stratégie de défense, donnant lieu à des échanges vifs, houleux, tendus entre les uns et les autres, la couleur de peau des deux parties étant omniprésente dans les débats, parallèlement à une mécanique judiciaire qui s'emballe et livre au compte goutte son lot de révélations, dans un suspense digne des meilleurs polars.
Aussi fascinant qu'effrayant.
La distribution s'avère de qualité, Yvan Attal en tête. Même si celui-ci peine à masquer une gentillesse naturelle transparaissant dans le cynisme de son personnage, il est un avocat businessman convaincant. Technique et justesse sont au rendez-vous pour ses premiers pas sur les planches. Face à lui, Sara Martins, en jeune avocate stagiaire, fait preuve d'un beau mordant et s'empare du plateau avec une habileté certaine. Alex Descas et Thibault de Montalembert sont quant à eux des partenaires à l'écoute maîtrisant subtilement leur partition.
Un léger bémol. Si l'écriture est nerveuse, incisive, sans fioriture, nous regretterons que la mise en scène de Pierre Laville, qui signe également l'adaptation, n'en soit pas tout à fait le reflet. Un petit déficit de rythme fait malheureusement perdre de la densité à l'ensemble.
Un bon spectacle cependant.
A voir.
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