Créé à Broadway il y a 8 ans (3 Tony Awards en 2004), triomphant depuis 6 ans dans le West End, ayant déjà conquis 10 millions de spectateurs dans le monde, la comédie musicale "Avenue Q" débarquait cette semaine à Bobino dans sa version française.
Parodie gentiment corrosive de l'émission tv jeunesse "Sesame Street" censée s'adresser aux adultes, ce show mêlant marionnettes manipulées à vue et personnages humains a su nous séduire par la qualité de sa production, dans la pure tradition des musicals anglo-saxons. Moyens conséquents, beau décor, musiciens live, et interprètes talentueux qui, en plus de posséder d’excellentes voix, les ont habilement travaillées, modifiées pour donner vie aux différents héros en mousse qu'ils incarnent et actionnent par ailleurs avec dextérité.
Le contraste de propos quelque peu cinglants sur les travers de notre société énoncés en usant de la naïveté et des codes de l'enfance pouvait se révéler étonnant et détonnant. Reste que derrière une impertinence trop maîtrisée, que l'on retrouve dans une ou deux chansons ("Internet c'est pour le cul" ou "Tout le monde est titi peu raciste"), deux ou trois vannes portées sur la chose ou l'alcool, prêtant davantage à sourire qu'à rire, le politiquement correct et les bons sentiments ne tardent pas à reprendre le dessus.
Que nous conte t-on ici ? L'histoire de Princeton, jeune diplômé au chômage qui emménage Avenue Q (parce que la A, c'était trop cher, la B aussi, la C pas mieux, alors la Q...) et qui cherche un sens à sa vie. Aux côtés des autres habitants de la rue, il tente de se trouver un but, et pendant 2h30 (c'est long !), on nous fera l'éloge de la tolérance, du grand amour plutôt que des histoires d'un soir, de l'importance d'aider son prochain, de celle d'assumer qui on est... J’en passe.
Ajoutons qu’on a connu Bruno Gaccio, l'adaptateur, plus subversif, notamment aux Guignols de l'info de Canal Plus, ou à travers les textes qu'il signe pour Charlotte de Turckheim. Mais le cahier des charges américain n'a pas dû lui laisser une immense marge de manoeuvre.
Alors malgré une belle brochette d'artistes, des personnages loufoques plutôt bien dessinés, des airs plaisants, entraînants et entêtants, cette oeuvre signée Robert Lopez, Jeff Marx et Jeff Whitty , déconseillée aux moins de 12 ans, s'avère sans aucun doute trop lisse pour retenir l'attention des plus de 18 ans au delà de l’entracte, passé un indéniable et agréable effet de surprise au lever du rideau.
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