FRANCE : Les spéculateurs et les banksters peuvent à nouveau spéculer sur la faillite des pays européens.
La fin de l’interdiction des ventes à découvert concerne dix grandes valeurs financières, dont le Crédit Agricole.AFP/DAMIEN MEYER
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé, lundi 13 février, avoir mis fin, au cours du week-end, à l’interdiction des ventes à découvert sur les titres émis par dix grandes banques et sociétés d’assurance cotés sur le marché parisien, comme AXA, BNP Paribas SA, Crédit agricole ou encore Société générale. Mise en place le 11 août 2011 en pleine tourmente financière pour éviter la spéculation, cette mesure avait été prolongée une première fois le 10 novembre pour trois mois.
Appelée également “short selling” ou “shorting” en anglais, la pratique de la vente à découvert est un mécanisme spéculatif consistant à vendre un titre dont on anticipe la baisse. Le vendeur s’engage en effet à fournir un titre à un certain prix à une certaine date, en faisant le pari que le cours de ce titre va baisser entre temps.
>> Lire notre décryptage “La vente à découvert, une pratique risquée”
UNE PRATIQUE RISQUÉE
Peu encadrée, cette pratique – parfaitement légale mais risquée – est souvent accusée de précipiter la chute des actions les plus fragiles, et d’aggraver l’instabilité des places financières. Le vendeur n’est pas obligé de posséder l’argent pour acheter ce qu’il compte vendre. D’autre part, il n’est pas obligé de posséder l’intégralité de l’argent pour l’achat des titres, mais seulement une partie (20 % pour les bons du Trésor et 40 % pour les actions) du montant total.
La mise en place d’une telle mesure n’est pas une première. Déjà adoptée en septembre 2008, au plus fort de la crise, elle avait été abandonnée en février 2011. Un laps de temps assez large pour que des études économiques soulignent l’effet limité, voire contre-productif de cette interdiction : en limitant la spéculation à la baisse, elle maintient artificiellement le cours d’un titre et risque de provoquer sa surévaluation.
Cette mesure avait d’ailleurs été accueillie avec beaucoup de réserve par les professionnels des marchés financiers, certains estimant que l’interdiction ne permettrait pas d’enrayer la chute des valeurs financières en Bourse liée aux inquiétudes des investisseurs sur la solidité du système bancaire européen. Les actions des banques françaises, et principalement les titres Société générale et Crédit agricole, ont d’ailleurs fini 2011 sur de lourdes pertes (respectivement – 57 % et – 54 %).
Les ventes à découvert de nouveau autorisées – LeMonde.fr.