Kenny Garrett - "Beyond The Wall" 2006 Nonesuch
Publié le 14 février 2012 par Audiocity
Plus qu'une simple dédicace envers l'oeuvre de McCoy Tyner, vous pourrez constater que "Beyond The Wall" partage également une hérédité non négligeable
avec le jeu du quartette de Coltrane début
60'S : une orientation délibérément portée vers l'Extrème-Orient, un jeu modal très expressif, des compositions originales simples et lumineuses, et un line-up "très distingué", à la mesure de
ses ambitions. Plus sérieusement, au-delà de la marque de respect que le public et les musiciens continuent de témoigner pour l'esprit libertaire et puissamment créatif de cette époque (public
malheureusement de moins en moins nombreux), ce qui est beau dans le parcours historique de ces oeuvres, c'est que 40 ans après, l'expression mystique de cette musique riche et contemplative
perdure, continuant d'éclairer les plus grands artistes actuels, comme ce fut le cas de Kenny Garrett en 2006 lorsque lui est venue l'idée de s'en inspirer pour ses propres compositions. Et bien
lui en prit, car "Beyond The Wall" est une réussite autant sur le plan musical que de la fantaisie créative. Comme souvent avec ce genre de projet, tout débute des suites d'un bouleversement du
quotidien, de la rencontre d'une culture et d'un peuple, en l'occurrence ici d'un voyage en Chine que Garrett fera en 2005.
Pour être honnête, c'est le seul disque que je possède de ce saxophoniste américain. Le seul, mais surement pas le
dernier. Beaucoup de générosité, d'expressivité. Pour moi qui suis friand de structures harmoniques "simples", cet album a vite fait de me réjouir. Le casting tient sans doute aussi beaucoup de
cette euphorie : Mulgrew Miller au piano et Brian Blade à la batterie (2 musiciens avec qui Kenny Garrett a déjà joué à plusieurs reprises), le légendaire
Pharoah Sanders au sax ténor (Coltrane n'est donc jamais bien loin), Robert Hurst III à la basse (musicien influent et respecté mais aussi professeur agrégé de
musique et membre du conseil d'administration de la fondation "John et Alice Coltrane"), mais aussi la chanteuse Nedelka Echols pour les choeurs et la couleur. Voilà pour
l'essentiel.
Pour le reste, comme explicitement annoncé sur la pochette de l'album, les thèmes font tous référence à l'Asie.
Finalement, seul "Tsunami Song" m'indiffère passablement, trop long et pour le coup pas très inspiré. L'incorporation du erhu résume le morceau à des ambiances cinématographiques connotées et
déjà faites maintes et maintes fois par d'autres. "Kiss To The Skies" n'est pas non plus mémorable, et ce malgré toute la bonne volonté de Bobby Hutcherson au vibraphone. Pour le reste, soit les
7 titres restants, j'adhère et j'adore sans me forcer. Avec ses faux-airs de gémellité d'avec Tyner ("Beyond The Wall", "Now"), Trane (le son de l'alto de Garrett et celui du ténor de Sanders
parle pour lui), ou encore Alice Coltrane ("Calling" ou
"Realization"), le chatoyant Beyond The Wall, s'il n'est pas non plus un indispensable du genre puisqu'expicitement inspiré de tous ces artistes, est largement "abordable" et devrait en persuader
plus d'un de commencer à s'intéresser à l'oeuvre de Kenny Garrett, à commencer par moi.
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