David Lynch est un cinéaste étrange. Son cinéma, ne l’est pas moins. Bizarre, souvent, hermétique, parfois , dérangeant, toujours … Doté d’une telle réputation, il lui est facile d’en jouer, pour mieux déjouer les attentes d’un spectateur, toujours avide d’innattendu et de rebondissements. Alors, « Blue Velvet » tombe à point nommé. C’est dans la filmographie du réalisateur, une sympathique fanfaronnade qui ne s’en donne pas l’air, mais l’interprète pourtant bel et bien .
Prenez une oreille abandonnée dans un terrain qui l’est tout autant, remontez la filière à l’aide de votre petite amie dont le papa est policier ,et vous voici détective en herbe , complètement dans le pétrin. Car derrière la loupe, les méchants ne plaisantent pas et la victime supposée,est un brin fofolle.
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Le tout baigné dans le clair-obscur vermillon que le sieur Lynch apprécie particulièrement. Ca vous donne un genre et surtout une ambiance. Un pot de fleur, au milieu de ce décorum ,réussirait à vous foutre la trouille.
On a donc peur;le gangster s’énerve pour un rien , frappe la jeune femme , plus que de raison , avant de se prendre la tête, dans laquelle ça ne tourne pas rond. A la place du gamin, il y a longtemps que j’aurais abandonné cette piste. Mais Jeffrey, comme pris dans un rêve subliminal , s’accroche à son destin et à la caméra de Lynch qui n’en demandait pas tant. C’est un bonheur de mise en scène, un maniérisme contrôlé, qui nous trimballe très gentiment d’une intrigue à l’autre, et cette fois tout est limpide. Le protégé du réalisateur se chargeant au fil de ses découvertes de nous en faire part.
Des révélations d’une simplicité désarmante chez l’auteur de « Dune » et de « Mulholland Drive« , qui une fois encore , peaufine sa galerie de portraits alambiqués.Kyle Mc Lachlan tient la dragée haute à un Dennis Hopper complètement allumé, et ça lui va bien . Isabella Rossellini, à côté de ses pompes, réussit à nous faire marcher dans sa combine. Poignante, désespérante, agaçante, aimante, elle est fatale, forcément fatale. Quand elle murmure « Blue velvet » , ce vieux standard des années 60, remis au goût du jour par la grâce d’un cinéaste. Etrange, forcément étrange.