53 - science metaphysique et philosophie

Publié le 06 février 2012 par Jeanjacques

Le propre de l’esprit c'est d’être méta-physique car il doit se détacher de la matérialité physique pour être. La métaphysique n’est donc pas la science des fins dernières et des absolus transcendantaux, mais totale immanence, collection et travail sur l’ensemble des savoirs et expériences humaines. La métaphysique ne se trouve pas non plus au sommet d’une hiérarchie des savoirs mais c’est ce savoir lui-même. Dés lors la métaphysique peut se diviser presque à l’infini en sciences particulières. Cette division peut s’opérer à partir de la définition de l’objet sur laquelle portent les opérations de l’esprit.

Une confusion constante règne depuis Aristote notamment, sur la délimitation entre métaphysique et philosophie toutes deux considérées comme reines des sciences comprenant tous les principes des sciences particulières et les fins dernières. La métaphysique présuppose une hiérarchie dans le savoir philosophique dont elle serait le sommet (traiter l’être en tant qu’être) ce qui est une façon arbitraire de reléguer la philosophie à une place subalterne.

Nous identifions désormais la métaphysique en tant que l’autre de la physique dans sa matérialité brute (nous aurions pu utiliser le terme d’alterphysique,) qui traite de la collection des savoirs empiriques. Métaphysique et savoir sont donc strictement synonymes et à la limite, nous pourrions aisément nous dispenser d’user du terme métaphysique. Il présente cependant l’avantage de fonder et de marquer la coupure théorique entre l’univers de la matérialité et celui de l’esprit, entre l’objet et le concept.

1-  Matière et essence

Deux grandes divisions s’imposeraient immédiatement, selon que l’étude traite des essences de la matérialité ou de l’essence de l’homme, son statut, son être et son devenir. Or à l’évidence il est impossible de dissocier les essences physiques de celles de l’homme puisque celui-ci ne peut artificiellement être arraché par l’analyse à sa matérialité originelle, à son milieu, à son corps. Vouloir séparer sciences de la matière et sciences de l’homme revient à réinstaller la division physique/métaphysique en réservant à cette dernière une position transcendantale en opposition au réel physique conçu alors comme science des objets « extérieurs » à la conscience.

Cela aboutit également à séparer la philosophie, comme science première de l’homme, de la science proprement dite chargée du savoir sur la matière. Or, le travail de l’esprit consiste dans son rapport à la matérialité à extraire les essences, travail qui participe de l’avancée de la conscience pour atteindre la complétude de son projet. Il n’y a de science que des essences et d’essences que métaphysiques. (l’extériorité de la matérialité à la conscience est le simple fait d’être-là comme matérialité brute, la totalité des propriétés perceptibles devant être traduites en essences par l’esprit à des fins de réflexion et d’action sur le réel).

Aussi, avons-nous un savoir unique qui est la métaphysique divisée en un certain nombre de sciences particulières qui toutes traitent d’un domaine spécifique. Mais s’il y a un ensemble (la métaphysique) qui juxtapose des connaissances spécialisées sans autre lien que d’être partie de cet ensemble, il y manque un opérateur de liaison pour les mettre en rapport, les fédérer, leur donner un sens relativement à la totalité. Mais cette mise en rapport suppose à chaque fois d’extraire pour chaque science sa quintessence qui la justifie comme partie du tout et par là même la relie, lui donne sa place : chaque spécialité doit pouvoir se remémorer qu’elle est issue d’une fragmentation d’un savoir métaphysique unique et doit recevoir ordres et missions d’une instance totalisante à laquelle de plus elle devra rendre compte de son activité.

2- La philosophie

Cette instance de la synthèse totalisante, nous la nommerons «  philosophie ». La philosophie doit être ainsi totalement détachée de la métaphysique dont elle assume la synthèse des savoirs spécialisés. Elle n’est donc pas seulement la science des fins dernières, celle de la recherche de sens, de la sagesse etc, mais se présente comme la science de toutes les sciences  par sa fonction de re-liaison, de coordination, de synthèse des quintessences. Elle est science du plus général dans chaque discipline, l’espace de leur confrontation, la définition de leur cadre général et procédures de vérité : elle constitue à la fois le soubassement de toute science particulière mais également son sommet dans la mesure où elle a pour mission de transférer un savoir vers tout ou partie des autres.

La philosophie traite donc des lois et principes généraux de la matérialité et de l’esprit, et détermine les lois volontaires du devenir de l’esprit et du cosmos. Science fondamentale du rassemblement des savoirs empiriques ou particuliers, elle marque l’Unité de l’esprit et exprime au plus haut point sa fonction de synthèse et d’analyse de toute l’étantité qui est sa mission spécifique au sein du cosmos.