1 - Il n’est aucune espère vivante qui ne recherche « sa vérité » qui consiste dans l’adéquation entre l’intention, l’acte et le résultat. En se complexifiant, l’intention se fait hypothèse, l’acte expérimentation, le résultat adéquat loi, et l’ensemble des lois théorie. Deviennent vraies la confirmation d’une hypothèse, la conformité d’un acte avec le résultat envisagé. S’il est supposé par exemple que l’homme peut marcher sur l’eau sans s’y enfoncer et que l’expérience ne le confirme pas, nous avons expérimenté l’absolu du faux qui rend vrai la négation « l’homme ne peut marcher sur l’eau ». Le domaine de la vérité est en première instance celui de la vérification expérimentale par une confrontation entre l’hypothèse et le réel.
Si on s’en tient aux temps premiers de l’évolution, le vrai se trouve dans le réflexe, la réponse adéquate à un stimulus : si l’intention est de se préserver pour l’animal, la réaction vraie face à un danger est la peur puis la fuite. Ainsi, le processus d’évolution est commandé in fine par son résultat : l’adaptation, qui est une réponse juste d’un vivant aux conditions de son milieu. La vérité participe du processus même d’évolution et d’adaptation, de développement et d’accroissement de la puissance d’être. Pour exister, un étant doit être constamment dans le vrai, c.a.d répondre justement aux contraintes et sollicitations du milieu. La recherche du vrai concerne la totalité de l’expérience humaine qui à chaque fois use de procédures et de méthodes de vérification adaptées à son objet.
2- S’opère dès l’origine une distinction fondamentale entre vérité expérimentale et le domaine plus aléatoire d’hypothèses ne pouvant faire l’objet d’une expérimentation immédiate voire différée. Sur cette différence très ancienne s’est construite la séparation entre science et métaphysique (les sciences dites humaines tentant de s’extraire de la métaphysique en recherchant les méthodes de preuves des sciences dites dures en développant un complexe d’infériorité).
Il n’y aurait pas d’un côté des sciences exactes, dures, et de l’autre le domaine de l’incertain et de l’approximatif. La science ne débute pas par le recours à un système de preuves formelles, mathématisables, comme pouvant assurer absolument la certitude du vrai et reposant sur des procédures vérifiables par tous. Elle ne s’assure pas par l’expérimentation comme démarche unique et spécifique, ni par l’usage de l’hypothèse comme méthode propre de la seule science. En effet, chaque acte du quotidien, dans toute pensée, dans le moindre rapport humain s’exprime le désir et la recherche du vrai et l’usage de procédures de validation.
3 - Cependant, plus on s’éloigne de la possibilité de vérification directe et immédiate de la supposition, plus difficile est l’établissement de la vérité. L’exactitude d’une hypothèse est d’autant moins facile à valider que les faits, les idées sont plus nombreux, plus complexes, plus éloignés de l’expérience immédiate, mettant en jeu différents facteurs et consciences.
Il en va de même du questionnement prétendument spécifique à la métaphysique traditionnelle : Quels sont les sens et origine du monde, comment s’explique le Tout, le destin de l’homme ? On a proposé de nombreuses hypothèses : les mythes, les religions etc. Hypothèses d’autant plus difficiles à vérifier qu’elles tendent à la vérité globale, définitive ; Il est d’autant plus aisé de vérifier un domaine restreint de l’étantité (l’eau bout à 100°) que de fournir une explication globale sur l’origine et le devenir de l’Univers dans sa totalité. La métaphysique traditionnelle n’est pas lestée d’une impossibilité radicale à être scientifique, mais elle s’étend sur un champ bien plus vaste d’exploration que celui limité de la science dite exacte.
L’observation, l’expérimentation, la répétition de l’expérience, la certitude du vrai comme réponse adéquate du réel ont constitué des modes propres du développement de la conscience qui l’ont installé comme conscience pratique et technique. On ne peut repérer une frontière entre une époque de la science et celle de l’homme préscientifique. La science actuelle, dans sa haute technicité ne fait que prolonger les propriétés de la conscience dans son rapport évolutif au réel. Il n’y a donc pas de différence d’essence entre l’usage des premiers outils et celui des machines les plus sophistiquées mais seulement une différence de degré dans la complexité. Depuis le premiers temps de la « mise en route » de la conscience toujours celle-ci a été technicienne et donc présentait les caractères de la scientificité. On peut dire que le savoir commun est tout aussi scientifique dans nombre de ses conclusions que ce domaine restreint de la science qui prétend à la vérité définitive par l’usage d’un instrument supposé infaillible : les mathématiques. Dès lors, on peut dire que l'essnce du savoir humain est scientifique, s’il s’agit de définir la science par l’adéquation du concept à la réponse du réel.