Ce qui devait arriver, arriva : les Inrocks et moi on vient de divorcer pour divergence manifeste d'opinion : ils n'ont pas aimé Detachment, moi si.
Detachment raconte l'histoire d'un professeur remplaçant qui accomplit une mission dans un collège américain à la dérive et c'est un peu près tout ce que je dirai du scénario parce que ce n'est pas ce qui m'a le plus touché dans ce film. C'est vrai, il y a un coté surenchère de situations misérabilistes : l'ado prostituée, le grand père qui perd la tête, les profs à bout de nerfs et les élèves sans repères … On connait la chanson.
Cependant, à coté de tout ça, ce qui m'a frappé et qui fait la force de ce film, c'est que ce n'est pas véritablement de ça qu'il s'agit. Je veux dire que ce n'est pas vraiment l'histoire de ce professeur qui importe. Detachment est un film triste à tendance franchement dépressive mais c'est surtout un film violent. Pour moi, il est là le personnage principal du film : c'est la violence de la vie, des relations entres les hommes. Cette violence, elle n'est pas visuelle non, elle est rampante, implicite, et c'est bien pire.
Alors oui, il y a quelque chose du cliché mais après tout, il n'y a aucune honte à choisir la prostitution, le mal être de l'adolescence ou encore la folie du troisième âge comme sujet lorsqu'on le traite bien. Le réalisateur a au moins le mérite de ne pas être moralisateur, de ne pas donner de réponse mais de nous pousser à se poser beaucoup de questions ce qui n'est déjà pas si mal.
En définitive, on ressort de la salle de cinéma pas tout à fait dans le même état qu'en y entrant. Il y a des films qui sont simplement plaisants à voir et puis il y a des films qui nous embarquent loin, ailleurs. Detachment et de cette trempe là.