Vieux de la vieille de la scène indie pop montréalaise, Jon Cohen a entre autres participé à l’émergence de groupes comme The Dears ou The Social Register. Il était temps pour lui d’émerger en solo (en live) comme en trio (sur disques) et d’exprimer pleinement tout ce qu’il a à dire (et il en a). Son dernier album, Behold, est en ce sens un petit chef d’œuvre de pop orchestrée et bricolée, un véritable travail d’orfèvre aux arrangements sans fin. Jon est de passage en France, et jouera notamment à deux reprises cette semaine à Bordeaux, une fois à El Chicho mercredi, et jeudi pour un concert secret en appartement. Rencontre.
Quels souvenirs gardes-tu de la période The Dears ?
J’ai joué avec le groupe de 1999 à 2003 : ce fut une période très intéressante, une très belle expérience au cours de laquelle j’ai beaucoup appris. Ces 4 années m’ont fait gagner de la confiance en moi, j’ai appris à croire en mes capacités à composer et à être mon propre artiste. Je me souviens d’une grande tournée, avec beaucoup de villes sur notre route, et surtout des fortes amitiés nées de ces moments.
Qu’est-ce qui t’as poussé à passer de guitariste à chanteur ?
Ce fut une progression naturelle : j’écrivais énormément de chansons pour la guitare, les mots venaient de plus en plus facilement. J’ai un jour décidé d’enregistrer mon premier album. C’est à la fois un mauvais sort qui fait que je dois tout gérer moi-même et une bénédiction pour moi, parce que je peux dire que je produis quelque chose qui vient vraiment de moi.
Qu’aurais-tu fais si tu n’avais pas été musicien ?
Peut-être comptable. Je suis une personne très organisée. Je casse le stéréotype des musiciens. Plus sérieusement, j’adore voyager, j’aurais peut-être accompli quelque chose dans ce domaine.
Pour toi le psychédélisme c’est quoi ?
C’est la recherche de quelque chose d’inconnu, c’est le premier pas dans le noir. C’est une vraie aventure spirituelle : avec la musique, il est facile de franchir cette porte, c’est un medium complètement flexible et organique. Parfois je me considère comme le Capitaine Kirk qui fonce dans l’inconnu. Le psychédélisme, pour moi, c’est le nouveau.
Que cherches-tu dans la musique ?
Je me cherche moi-même. Je cherche mon identité, ce qui me rend unique. Chacun est unique, a quelque chose d’unique en soi que personne n’a. C’est ce que je veux trouver, et partager.
Comment décrirais-tu la scène montréalaise d’aujourd’hui ?
Elle ne se résume pas à Céline Dion. C’est une scène vivante, excitante, je suis heureux de faire partie de cette scène qui donne de la valeur à tout ce qui est nouveau.
Ta musique a un côté très aérien. Es-tu plus à l’aise à la nature ou en ville ?
Je vis dans un vaisseau spatial. Je suis un astronaute avec une vue sur tout mais avec aucun contact réel avec le monde. En vrai, comme tous les urbains, je suis collé à la ville, accroché à elle. J’ai besoin de son énergie, j’ai besoin de culture comme nourriture créative, de l’espace urbain pour me motiver. L’érotisme de l’esprit et non du corps : c’est ce qui m’inspire et qui apporte de la légèreté, un côté spirituel et aérien à ma musique.
Comment as-tu vécu l’explosion de la relation internet/musique ?
Je suis le produit de cette explosion : Internet est mon amplificateur, c’est un outil indispensable pour moi. Je ne cherche pas à vendre ma musique, mais à vendre mon message.
Quelle est ton ambition aujourd’hui ?
Mon ambition, c’est d’accomplir les 3 buts que je me suis donnés pour cette tournée : devenir totalement à l’aise avec ma voix et mon spectacle pour établir un vrai contact émotionnel avec le public, apporter un message positif qui peut-être aidera quelqu’un, et enfin voir le plus d’Europe possible et d’y rencontrer beaucoup de monde.
Quelque chose à dire en particulier ?
J’espère rencontrer le plus de monde possible lors de mes concerts à Bordeaux : je vous promets une expérience incomparable.
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