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Voyage au bout de la vie

Publié le 13 février 2012 par Beniouioui

voyeoIl parait que Céline est un des auteurs préférés de Nicolas Sarkozy. Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres candidats. François Bayrou a certainement dû dévorer quelques oeuvres mais François Hollande ou Eva Joly, je n'en sais rien. Une chose est sûre, ils y apprendraient tous quelque chose. Ils y apprendraient la lâcheté face à la misère du monde. 

Dans Voyage au Bout de la Nuit, le héros Bardamu voit toute la laideur du monde défiler devant ses yeux. La guerre atroce, le colonialisme méprisant, la débauche new-yorkaise. Face à ce spectacle, il ne sait pas quoi faire. Il n'y a rien à faire. Alors il prend de la hauteur, il fuit puis finalement décide de revenir comme médecin pour démunis.

Quand je lis les déclarations des uns et des autres sur l'homoparentalité ou la procréation médicalement assistée (PMA), je me mets dans la peau de Bardamu. Passe encore que SFR veuille faire plaisir à ses employés en leur donnant un étrange congé paternité gay; l'heure de l'entreprise co-créatrice du monde n'a pas sonné. Mais que des hommes ou des femmes politiques puissent parler de la vie avec autant de détachement, il y a de quoi vouloir fuir.

Hier, le clairon a sonné.  La députée George Pau-Langevin, à l'occasion d’un débat organisé par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) a affirmé qu'ouvrir la PMA à toutes femmes « aussi bien les homosexuelles, les Pacsées, que les femmes célibataires engagées dans un couple » serait en effet l’un des objectifs du candidat socialiste François Hollande. Dans une sorte de compétition "roulette russe", Clémentine Autain (Parti de gauche ) et Véronique Dubarry (EELV) souhaitent quant à elles aller plus loin, se déclarant favorables à la PMA pour tous, y compris pour les femmes seules.

Qu'est-ce qu'un enfant? Un enfant est-il une statistique, un objet de désir compulsif, un "item" nécessaire à la croissance économique ou un fruit de l'amour? Le monde qui avance risque de nous proposer des choses bizarres. Des magasins où on viendrait choisir son petit enfant comme chez Truffaut. Une petite FIV madame? Aujourd'hui, c'est -15% sur les mères porteuses. Mes mamans sont divorcées remariées, j'en ai 4. Mais j'ai aussi un papa qui m'a donné un peu de son sperme. Aujourd'hui, sur TF111, nous vous parlerons du statut du beau-beau-beau-parent. Enquête exclusive sur les enfants multi-spermés.

Si Bardamu ne voyait pas d'autres issues que la fuite, BeniNews offre une autre vision : l'espérance. Dieu doit certainement mâcher nerveusement des chewing-gums de nuages en observant ses hommes. Mais Il les aime. Il les a sauvés, ils s'en rendront compte. Demain, dans 10 ans ou dans 500 ans, peu importe. En attendant, nous ne pouvons pas être lâches, nous taire, fuir.

La nature est bien faite. Cela ne choque personne qu'une femme âgée ne puisse plus enfanter. Cela ne choque personne qu'une femme âgée n'ait pas le droit d'adopter ni de se tourner vers les PMA. Pourtant quand il s'agit des femmes seules, des femmes gays, des hommes seuls, des hommes gays, alors que la nature leur signale qu'ils s'égarent sur un chemin impossible, nos hommes politiques crient au scandale. Ils ne comprennent pas ce qu'est l'amour.

Ils confondent aimer et faire plaisir. Ils confondent donner et recevoir. Ils confondent progrès et toute-puissance. Quand un petit enfant, celui-là même que chacun veut fabriquer et qu'il faudra éduquer, est chez Carrefour et désire acheter tout le magasin, sa maman sait qu'elle doit lui dire non. Elle sait qu'il va pleurer et la détester. Mais elle sait qu'elle doit lui dire non par amour pour que plus tard, quand il aura séché ses larmes, il la remercie d'avoir pris soin de lui.

Nous sommes dans le grand supermarché de la vie. Nous voyageons au bout de la vie avec les hommes, les enfants de Dieu, de la création, du monde, du mystère ou du hasard, peu importe. Nos grands enfants veulent tout acheter, tout avoir. Mais le monde qui en prend soin doit leur dire non. Parce qu'il les aime.

Face à l'horreur de la guerre Bardamu s'écria : "seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux: je ne veux plus mourir." Nous sommes peut-être quelques Bardamu esseulés dans cette lutte contre l'absurdité violente du désir, mais nous avons raison parce que nous savons ce que nous voulons : nous ne voulons plus voir l'homme mourir.

Tout peut s'effondrer comme le chantait Edith Piaf, "et la terre peut bien s'écrouler" avec son économie. Peu importe la TVA ou la retraite. Quand je vote, je ne pense qu'à une chose, "Dieu réunit ceux qui s'aiment". Ce sera mon hymne à l'amour du jour.


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