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Sarkozy, le discours de la méthode

Publié le 13 février 2012 par Beniouioui

figure_1_0"Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée." Cette phrase d'ouverture du célèbre ouvrage de Descartes, le Discours de la Méthode, semble être l'angle d'attaque préférée de Nicolas Sarkozy.

A la télévision, à la radio, dans la presse hier, Nicolas Sarkozy ne cesse d'assainer méthodiquement qu'il a du bon sens. Descartes, c'est moi. J'obéis aux lois, j'affirme ce que je pense, je décompose les problèmes pour mieux y répondre. Descartes, c'est moi.

Dans ces temps de crise économique, les français ont tous ce désir de bon sens rationnel et recherchent des solutions pragmatiques à leurs problèmes quotidiens. Mais le bon sens n'est-il pas subjectif s'il ne s'appuie pas sur quelque chose qui le dépasse?

Lorsque Descartes écrivait son Discours, les penseurs d'alors puisaient leurs fulgurances dans la tradition scolastique dont le plus célèbre représentant est Saint Thomas d'Aquin. C'est ainsi que la pensée ambiante était baignée de philosophie grecque et de théologie chrétienne quand Descartes arriva et poussa le rationalisme un cran plus loin.

Nicolas Sarkozy a un positionnement rationaliste. Il y a une crise économique, je prends des mesures pragmatiques comme tous les autres candidats proposent les leurs. La France assimile mal ses immigrés, je limite l'immigration. Le mariage est une institution, je ne peux pas l'ouvrir aux gays car ça le modifierait, etc.

Si on suit le raisonnement cartésien classique, Nicolas Sarkozy semble obéir aux deux premières règles morales : il est ferme et légaliste. Mais Descartes nous en propose quatre. Il ajoute ainsi qu'il faut également se changer soi-même plutôt que changer le monde et que nous devons sans cesse chercher la vérité. Ce n'est pas de la scolastique mais c'est quand-même un pas sur le chemin de la morale que Nicolas Sarkozy pourrait suivre.

Je ne ferai pas ici un cours de philo. Et puis, je suis nul en philo. Mais j'ai l'impression qu'il nous manque en politique un peu de ces deux dernières règles, voire en poussant encore plus loin, qu'il nous manque un peu de scolastique. Il nous manque de la morale.

Aussi quand tous nos candidats s'écharpent sur les mesures de croissance, les mesures anti-déficit, le financement de tel ou tel avantage, ai-je envie de leur dire : scolastique. Découvrez, lisez ou relisez la Doctrine Sociale de l'Eglise. Cela ne résoudra pas le problème de la dette mais elle vous permettra de prendre de la hauteur et de réfléchir plus profondément au sens de l'économie, à l'essence du système (et de voir ses défauts), à la place de l'homme. Remettre l'homme au coeur de l'économie, c'est un beau défi.

Aussi quand tous nos candidats s'écharpent sur les annonces sociétales, les mesures pour les vieux, les gros, les gays, les pauvres, les tristes, les familles, les handicapés, ai-je envie de leur dire : scolastique. Découvrez, lisez ou relisez Saint Thomas d'Aquin. Cela ne vous donnera pas la marche à suivre précise mais cette lecture vous permettra de réfléchir au but ultime de la politique, à son objectif intinsèque. La politique recherche le meilleur des biens humains qui est le bien surnaturel. Elle s'appuie sur la raison qui permet à l'homme et à l'homme seul de discerner le bien du mal pour le faire croître vers le bonheur naturel puis le bonheur surnaturel. Remettre l'homme au coeur de la politique, c'est un beau défi.

Il ne suffit plus d'être pour ou contre la TVA sociale, pour ou contre le mariage gay ou le mariage tout court, pour ou contre l'immigration choisie, pour ou contre une "civilisation", pour ou contre la retraite à 60 ans, pour ou contre l'euthanasie, pour ou contre la taxe Tobin, pour ou contre la réduction du nombre de fonctionnaires, pour ou contre la valeur travail. Cette bataille des idées que Nicolas Sarkozy et les autres veulent gagner n'est pas tellement nouvelle si chacune de leurs propositions ne s'ancrent pas dans une conviction profonde : pourquoi est-ce bon pour l'homme?

L'idée vraiment nouvelle de 2012 serait d'accepter le désir transcendant de l'homme et de lui offrir ce qu'il a au fond de lui, une morale naturelle.


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