Les risques microbiologiques dans l'alimentation, la santé des abeilles et les risques sanitaires des nanomatériaux ont été retenus par l'Anses comme thèmes prioritaires de son action en 2012.
Prévenir les risques microbiologiques dans l'alimentation
Une épidémie liée à la contamination de produits végétaux par la bactérie E.coli est survenue brutalement en Allemagne et en France au printemps 2011, et elle a touché plus de 3500 personnes, jetant une belle panique chez les consommateurs. Pour mieux gérer ce type d'alerte, et être plus réactif, l'Anses a donc décidé de confier à un seul organisme, " l'observatoire de l'alimentation ", la centralisation de toutes les données disponibles sur les dangers microbiologiques et chimiques dans les aliments. Et pour mieux informer les consommateurs, un guide pratique regroupant l'ensemble des recommandations de l'Anses en matière d'hygiène alimentaire va être publié. Enfin Des travaux de recherche vont être engagés pour améliorer les méthodes diagnostiques et la surveillance des pathogènes alimentaires majeurs et émergents.
Protéger la santé des abeilles
La mortalité des abeilles dans toutes les régions du monde, et dont les conséquences potentielles sont désastreuses, est devenue d'un problème très préoccupant. François Bayrou, par exemple, en a fait son thème écologique prioritaire. L'Anses va donc participer en 2012 à la mise en place d'un dispositif européen de surveillance épidémiologique des maladies des abeilles et à la poursuite de l'évaluation des risques des produits phytosanitaires pour ces insectes. Par ailleurs, un groupe d'experts va étudier les effets des co-expositions des abeilles à des produits toxiques et à des agents pathogènes, l'objectif étant de fixer d'éventuelles recommandations, d'ici à 2014, pour leur prise en compte dans la réglementation.
Evaluer les risques des nanomatériaux
La troisième priorité concerne les nanomatériaux qui sont de plus en plus utilisés dans la fabrication de produits de consommation courante sans que l'on en connaisse les risques pour la santé et l'environnement. En 2012, l'Anses va installer un groupe de travail pérenne " Nanomatériaux et santé - alimentation, environnement, travail " afin de suivre en temps réel l'actualité scientifique de cette thématique. Et comme il s'agit d'un risque émergent, un " comité de dialogue ", composé de tous les acteurs concernés, va être créé pour définir une méthodologie qui permettra d'évaluer les risques sanitaires de l'exposition aux nanomatériaux.
Enfin l'Anses va poursuivre en 2012 les grands chantiers engagés l'année dernière concernant notamment l'antibiorésistance, l'évaluation des risques pour les travailleurs agricoles exposés aux pesticides, les contaminants de l'alimentation, les radiofréquences et les perturbateurs endocriniens. Il manque les OGM...
Privilégier la prévention des risques
Tous ces problèmes sanitaires sont relativement récents. Ils sont le résultat de la non prise en compte de mesures de prévention, de mesures de précaution. Il n'est pas question d'arrêter le progrès. Mais il n'est pas normal que les industriels en l'absence de réglementation contraignante puissent lancer tous les jours de nouveaux produits dont ils ne connaissent pas les effets sur la santé. Et l'on ne découvre qu'après bien des années de pollution, et de dégâts sur la santé, que tel ou tel produit est toxique. C'est le cas du bisphénol A et autres perturbateurs endocriniens, des parabènes, des pesticides de synthèse, des PCB, du perchloroéthylène utilisé dans les pressings ... Et la liste est longue.
C'est donc bien la prévention qui devrait s'imposer. D'ailleurs le Centre d'Analyses Stratégiques, rattaché au Premier ministre, et qui conseille le Gouvernement , a publié un rapport sur les nanoparticules dans lequel il préconise clairement " la mise en place d'une stratégie de prévention des risques sanitaires et environnementaux lies à ces produits, en agissant en amont et non pas en bout de chaine ".
Une stratégie de bon sens qui devrait être appliquée dans tous les domaines sensibles qui peuvent toucher notre santé.
Mathilde Emery