Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
31e épisode
Résumé de l’épisode précédent : Derrière les égéries, la théorie des Mères, Grands-Mères, Arrière-Grand-Mères... remonte peut-être jusqu’à la glaire stellaire. Cependant, le narrateur est à guetter caché dans les fourrés. Il écoute : ti-ti-ti, tu-tu-tu, té-té-té. La camarade arrive. Elle n’a pas l’air dans son assiette.
E tend à le rejoindre sur cette teinte. Elle pousse (la camarade)
De petits cris cou – cou – cou – cou qui ressemblent plus à une
Toux, d’ailleurs elle finit par mettre sa main devant sa bouche.
À ce moment, je suis davantage retourné vers elle, je la prends
Par les bras, j’attrape ses bras qui partent un peu dans tous les
Sens, et je remarque, donc, seulement à ce moment, qu’elle est
Couverte de sueur et continue d’en produire en surabondance.
« Eh ben... Heureusement qu’on est tout près de mon ressui ! »,
Je dis. Elle bave un sourire d’effroi, émet le son â....â....â....â....â
(Ça lui sort du fond du larynx), et du pouce de son poing droit (1570)
(Fermé), elle montre quelque chose derrière son épaule : qu’est
-Ce qui se passe, la Camarade ? Tu ne vois pas que je suis occu
Pé ? - â....â....â....â.... (même geste du poing et du pouce). Bon !
Je regarde... Putain ! une énorme nappe de jonquilles s’étale der
Rière elle ! un cercle d’au bas mot soixante mètres de diamètre.
Et ce cercle miroite, il brasille... Mais encore – il bourdonne, oui :
Je suis formel ! Et c’est ce bourdonnement, égal... monotone...qui
A fait que la camarade a cru qu’une soucoupe volante jaune s’é
Tait posée dans le sous-bois.
Fichtre ! et comment en est-on
Arrivé là ? Après tout, on s’était seulement égaré à l’orée d’une (1580)
Ère, à la lisière des forêts. On a jailli d’un arbre creux et rebondi !
La montre sautée du gousset, l’œil qui se jette dessus, énorme ‒
À reluquer la n’importe quelle heure... La tête emperruquée de
Lianes, lierres, glycines sauvages... et poudrée de pollen et sais-
Tu quoi ? des besicles, parfaitement. Je soulève mon huit-reflets,
Je salue et hop ! cul par dessus tête, et en culotte de peau ! vous
Voyez bien. Je suis un lapin. Blanc. Et je regarde ma montre: je
La reluque sans cesse j’y reviens, je la reluque avec un gros œil
Mais c’est pour me donner une contenance seulement. Grosses
Bêtes que nous sommes (moi et mes congénères) notre rapport (1590)
Au temps est inclus dans notre nom. Et c’est vrai que j’attends :
Mais nulle heure. Soir ou matin, c’est aussi bien. Du reste ils co
Existent tout à fait pacifiquement.. Ils sont au même endroit en
Même temps. Et des fois je porte des guêtres. - Et la gamine, là,
Alice, c’est ça, Alice... elle cherchait toujours une heure à lire su
R un cadran. N’arrivait pas à comprendre pourquoi nos pendu
Les, horloges, montres, indiquent toutes des heures différentes.
Elle est bien jolie, Alice, avec ses mollets d’écrevisses, etc., mais
Elle n’a toujours pas percuté : elle est au pays des merveilles et ça
Peut très bien tourner sans elle qui est après tout une étrangère. (1600)
Qu’elle ait roulé dans un terrier ou passé à travers un miroir, je
M’en badigeonne le nombril avec le pinceau de l’indifférence...
Il n’en reste pas moins qu’elle est une intruse ici. Et passez-moi
L’expression, elle fout la merde. Elle est très douée pour ça. Avec
Ses questions, ses remarques, ses commentaires. Ou son silence,
Son silence attrape-tout... Son silence plus ravageur encore que
Sa logorrhée... Alors, qui lui a permis de s’introduire ici ? Qui ?
Personne. Personne ne l’a invitée ; personne, même, ne l’aurait
Laissée entrer. Elle a profité d’une faille spatio-temporelle... ou
De l’effet synchronicité. Le trou dans l’arbre (Yggdrasil n’a pas (1610)
D’aubier ?) ou le miroir, qui est également un trou (« l’oubli fer
Mé par le cadre »). Quoi qu’il en soit c’est une intruse, et il faut
32ème épisode le mercredi 15 février 2012