Artistes et capc Main dans la Main

Publié le 12 février 2012 par Bordeaux7

Les trois nouvelles expositions à voir au CAPC s’offrent comme une balade dans l’art de notre temps des années 1960 à aujourd’hui. L’occasion de voir ou revoir les œuvres conceptuelles et radicales de trois figures historiques de l’art contemporain Claude Rutault, Daniel Buren et Mario Merz et de se confronter aux pratiques de jeunes artistes bordelais, la tribu à géométrie variable Dispersion créée en 2009 et le photographe autodidacte Michel Nguie.

A priori, rien de commun entre les avant-gardes du milieu du XXe siècle et l’art contemporain du XXIe. Mais, si l’on devait prendre le risque d’évoquer en partie ce qui rassemble les œuvres plutôt que ce qui les sépare, outre le fait que, comme l’a décrit Marcel Duchamp, « c’est le regardeur qui fait l’œuvre », il faudrait aussi considérer le rôle du musée qui choisit de les exposer, de les défendre dans la durée, et, quand il en a les moyens, de les acquérir. Dès lors, plusieurs questions se posent : quelles relations avec les artistes ? Comment les soutenir dans la durée ? Comment montrer les œuvres avec ou sans l’artiste ?
Accompagner la jeune création
Jusqu’en juin prochain, le musée accueille en résidence le groupe Dispersion composé de plasticiens et d’architectes. Ces quatre mois seront pour eux l’occasion d’approfondir leurs pratiques et leurs recherches sur le thème des états modifiés de conscience et de soumettre leurs avancées en temps réel aux visiteurs. Au programme, quelques performances et la promesse de rendez-vous participatifs déroutants autour de la voyance, l’astrologie, l’astronomie… Quant à Michel Nguie, qui depuis 2008 fait de sa vie le sujet de ses photographies, Charlotte Laubard, directrice du musée, lui a proposé de détourner deux bannières de communication de la mairie en s’en servant de support d’impression pour ses images et de les exposer temporairement sur la façade du musée. «Ce bâtiment du CAPC, il faut le faire voir. Nous sommes complètement dans nos missions en faisant travailler des artistes de cette manière», précise la directrice.
Un dialogue permanent
L’exposition « L’œuvre et ses archives » rassemble une sélection de pièces issues de la collection du musée, des peintures de Claude Rutault, trois volumes de Daniel Buren qui reprennent ses fameuses bandes et des sculptures et des installations de Mario Merz (1925-2003) – illustre représentant de l’Arte Povera. Ces artistes ont chacun fait évoluer leurs œuvres rendant la tâche compliquée pour le musée de les montrer aujourd’hui. Un exemple : «Je ne choisis jamais la couleur de mes peintures», explique Claude Rutault devant ses toiles exposées dans la galerie Foy au 2e étage du musée. L’artiste, qui ne touche presque plus de pinceaux depuis 1973, délègue la réalisation de ses œuvres et de leurs mises en place aux collectionneurs ou aux musées à l’aide de textes qui décrivent un protocole posant la question de l’original et de l’identité de l’œuvre.  De la contrainte imposée par le musée à Michel Nguie de détourner un support de communication, aux artistes qui dictent leurs propres règles au musée, ces nouvelles expositions interrogent les rôles de chacun, les règles du jeu entre obéissance et désobéissance. • Cyril Vergès

«L’œuvre et ses archives» jusqu’au 9 décembre. Dispersion jusqu’au 30 juin. «Façade»-Michel Nguie jusqu’au 27 mai. 2,50-5€, infos au 05 56 00 81 50 ou www.capc-bordeaux.fr