Dimanche, Nicolas Sarkozy était au Palais. Il n'a sans doute pu faire son jogging dans le jardin. Il n'est pas allé au Château de la Lanterne, à Versailles. Il adore pourtant ces moments de luxure pseudo-républicaine.
Cette semaine, il a presque promis d'officialiser qu'il serait candidat. Il y a quelques jours à peine, la démarche n'était pas urgente. Le Monarque voulait attirer l'attention sur lui en faisant durer ce faux suspense. Mais il n'y arrive pas. Ses annonces n'intéressent que très peu. Il coagule toujours contre lui quelque 75% des sondés à chaque enquête. Pourtant, il dépense beaucoup et depuis longtemps en sondages.
Quel gâchis.
A l'Elysée, les soutiers ont déjà préparé leur CV.
Sarkozy panique, ou bien ?
Ce devrait être donc sa semaine. Mercredi, il devrait officialiser ce que l'on sait tous depuis mai 2007, il est candidat à sa réélection. Il en a bien profité de cette première mandature qu'une majorité sondagière espère la dernière. Lundi, il a prévu une inauguration, tel un Jacques Chirac des années 2007, le siège d'une gendarmerie à Issy-les-Moulineaux chez son ami André Santini, ancien ministre mais toujours inculpé. Mardi, il ira dans une PME, se montrer au milieu des employés de Photowatt à Bourgoin-Jaillieu. Jeudi, on annonce un déplacement à Lyon. Vendredi, il a un sommet franco-britannique à Paris, avec lepremier ministre David Cameron.
Sarkozy a décidé de placer sa campagne sur les valeurs car il n'a plus de programme à défendre, aucune proposition à argumenter, aucun bilan à assumer. On espère que le Figaro Magazine s'est bien vendu, ce samedi. Quelle interview ! En coulisses, toujours en coulisses, Sarkozy a promis: « Je ne vais pas les laisser respirer. Les amis, ça ne va plus s’arrêter ». Pourtant, on ne sait pas de quoi il parle. Ses déclarations du weekend ont assez rapidement fait pschitt.
Sarkozy a commis une grosse erreur: en 2007, il « triangulait » et donc troublait ses opposants. En 2012, il se ghettoïse et renforce du coup ses oppositions. Même François Bayrou a appelé, dimanche, les centristes de l'UMP à venir le rejoindre après les provocations de Sarkozy sur le chômage ou l'immigration.
Mercredi soir, Nicolas Sarkozy devrait être à la télévision, pour annoncer qu'il est urgent qu'il soit candidat. Entre le 29 janvier dernier et ce 15 février, que s'est-il donc passé ? Il y a 10 jours, Nicolas Sarkozy ne pouvait pas être candidat. Il avait des urgences. Lesquelles ? Une augmentation de la TVA qui ne sera donc pas applicable avant octobre, un projet de traité européen (décidé en décembre) qui ne pourra être voté, un déplacement à Fessenheim et un autre dans une crèche avec des enfants-figurants pour tacler François Hollande. Telles étaient les urgences présidentielles qui empêchaient Nicolas Sarkozy d'officialisation une décision prise depuis longtemps.
La réalité était évidemment bien différente.
Le 19 février, Nicolas Sarkozy sera en terrain ami, à Marseille. Les militants UMP ont déjà reçu leur invitation de Renault Muselier, premier adjoint, « pour venir soutenir le Président », c'est-à-dire le candidat , le 19 février au Parc Chanot. C'était curieux. Le même jour, au même endroit, se tiendra le Salon de l'érotisme.
Ses proches paniquent, ou bien ?
A Nogent-sur-Marne, un maire UMP a décidé d'ériger une statue à la gloire de Carla Bruni-Sarkozy, l'épouse du chef de l'Etat qui intrigue par l'ampleur des manipulations esthétiques qu'elle fait si régulièrement subir à son visage. Il veut représenter « les ouvrières ». On croit rêver. Le désarroi à droite est plus profond.
Eric Besson, l'ancien débauché devenu ministre et sarkozyste zélote, a réfuté que Nicolas Sarkozy ait filé à droite toutes. Il s'est agacé que certains de ses collègues ministres confient leurs inquiétudes en coulisses et en off à la presse.
Son ami David Douillet, devenu ministre des Sports il y a quelques mois, en a rajouté: François Hollande, « c’est l’explosion du sport français! ». Qu'avait donc fait François Hollande pour mériter une telle caricature ? Le candidat socialiste avait simplement annoncé ses propositions, une « nouvelle loi-cadre sur le sport », avec « un plan national des infrastructures sportives, une lutte antidopage renforcée, un changement de la législation sur les paris en ligne ou encore un meilleur accès des Français au sport ». Quelle horreur !
Brice Hortefeux, l'ancien ministre de l'identité nationale, sur France 5, a prêché la bonne parole avec l'énergie du désespoir: « Tout tourne autour des idées, autour des propositions, autour des suggestions, autour des initiatives de Nicolas Sarkozy, et ce qui est vrai, ce qui se dessine, ce qui se comprend, ce qui apparaît chaque jour davantage, est que finalement, aujourd'hui Nicolas Sarkozy est le candidat du mouvement, tandis que François Hollande est de plus en plus le candidat de l'immobilisme. » Sarkozy, candidat ? Ben oui. La journaliste de France 5 rigolait presque.
De quoi parlait-il ? Personne ne connaît le programme de Nicolas Sarkozy.
Le weekend dernier, Marine Le Pen a réagi aux propos tenus dans le Figaro Magazine: « le lien entre immigration et insécurité est prouvé ».
Ami sarkozyste, ne pars pas.
La campagne ne fait que commencer.