Les 7 familles de droite

Publié le 13 février 2012 par Copeau @Contrepoints

Les challengers de droite de Nicolas Sarkozy méritent examen. Qui sont-ils ? En quoi se démarquent-ils ? Qu’est-ce qui distingue l’offre politique de François Bayrou ?

Par Marc Crapez

Six rivaux de droite disputent la place à Sarkozy : Bayrou, Boutin, Dupont-Aignan, Morin, Nihous et de Villepin. Hervé Morin, qui ne représente plus que lui-même, est désavoué par son propre parti. Frédéric Nihous au contraire, le candidat CPNT, défend les intérêts catégoriels de la ruralité, mais représente une véritable famille spirituelle de la France.

François Bayrou est situé à droite, où il a fait sa carrière politique. Il doit, néanmoins, être distingué des autres challengers, dans la mesure où il a rompu avec la droite et, surtout, parce qu’il n’est pas un petit candidat. Il fait partie du paysage politique, il a obtenu 18% des voix à la dernière présidentielle et il recueille l’estime d’une partie des Français. C’est donc un prétendant autrement plus sérieux que Villepin qui, bien que nommé premier ministre, n’a jamais affronté de sa vie le suffrage universel.

Bayrou et Dominique de Villepin ont comme points communs d’être à la gauche de la droite et de préconiser une sévère réduction des déficits. Boutin et Dupont-Aignan ont en commun d’être à la droite de la droite mais de ne pas mettre l’accent sur la baisse des dépenses. Leur discours a des accents de justice sociale proches de ceux de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Nicolas Dupont-Aignan défend une forme de gaullisme. Il est partisan d’une sortie de l’euro. A mon avis, il se trompe, mais ses livres souverainistes apportent un précieux contrepoint à l’hégémonie des discours européistes. Christine Boutin défend une forme de catholicisme politique. Elle a toujours fait cavalier seul en refusant les tentatives d’unification d’un courant de droite de la droite, incarné par Philippe de Villiers, Charles Pasqua ou Charles Million (dont elle s’était rapprochée).

La foire aux démagogues

Boutin fustige « l’ultralibéralisme », prêche un revenu minimum ou débite des banalités, tel le souhait de « placer l’homme au centre » ou au cœur de la Cité, ce qui ne veut rien dire en l’absence d’éléments concrets de programme économique puisque personne n’entend y placer l’égoïsme ou l’orang-outang. On croirait entendre la gauche, qui en appelle aux « hommes de progrès qui veulent le changement », comme si la droite était composée a contrario d’hommes de régression qui veulent le statu quo.

Bayrou et Villepin se distinguent de cette démagogie en insistant sur la crise de la dette. Malheureusement, Bayrou n’a pas brillé par sa pugnacité dans l’exercice de sa fonction de ministre de l’Éducation nationale. Et s’il est vrai qu’il avait attiré l’attention sur le problème de l’endettement, il n’a pas fait preuve de courage en osant cibler des réductions de dépense. Les 60.000 nouveaux postes dans l’Éducation de François Hollande ressemblent même à une mesure empruntée au tract de la campagne présidentielle de François Bayrou en 2007.

Quant à Villepin, il préconise un revenu minimum de 850 euros et, comme Boutin, s’oppose à la RGPP et à l’objectif de diminution du nombre de fonctionnaires. Ne reculant devant aucune démagogie pour prendre une posture avantageuse, il copie les slogans de gauche : « Est-ce que les Français veulent moins d’infirmières, moins d’enseignants, moins de policiers ? ». On retrouve là son travers qui entache sa fameuse prise de position contre la guerre en Irak à l’ONU. Il aurait été préférable qu’il adopte un profil moins tape-à-l’œil, afin de peser davantage sur le cours des évènements.

Au total, on peut le regretter pour le pluralisme, mais personne n’émerge comme une force alternative à droite. Quant au libéralisme, c’est le parent pauvre.