Le taux de cancer est 4 fois plus élevé chez les enfants atteints d'arthrite juvénile idioathique (AJI), une augmentation du risque indépendante du traitement de l'arthrite par anti-TNF, selon cette étude de l'Université d'Alabama (Birmingham), publiée dans l'édition de février d'Arthritis & Rheumatism, la revue de l'American College of Rheumatology (ACR). Des conclusions qui, si elles doivent encore être confirmées par de nouvelles études, veulent sensibiliser les familles et les médecins aux « conséquences tardives possibles » de la maladie.
L'arthrite juvénile idiopathique (AJI) est un ensemble de maladies articulaires inflammatoires, débutant avant l'âge de 16 ans et durant plus de 6 semaines. L'AJI entraîne des handicaps dans 20 à 30 % des cas. Le niveau de handicap dépend du nombre et du niveau des atteintes articulaires et de l'évolutivité. Les enfants atteints présentent en fait des symptômes similaires aux adultes atteints de polyarthrite, dont la douleur, l'inflammation et des raideurs dans les articulations. L'AJI touche 2 à 4.000 enfants en France et environ 294.000 aux États-Unis.
Un des traitements utilisés pour l'arthrite chez l'enfant et l'adulte sont les inhibiteurs du TNF (Tumor necrosis factor). Plus de 600.000 personnes dans le monde, selon les auteurs, auraient été traités par anti-TNF depuis leur mise sur le marché, il y a 15 ans. Cependant, un risque possible de cancer, lié à ce tyoe de traitement a déjà incité la Food and Drug Administration américaine (FDA) à avertir sur le risque potentiel. Pourtant, cette nouvelle étude suggère que les anti-TNF n'expliquent pas forcément le développement des cancers chez ces enfants.
Le Dr Timothy Beukelman de l'Université d'Alabama et ses collègues ont mené leur étude chez 7.812 enfants atteints d'AJI avec 2 groupes témoins sans AJI : un groupe d'enfants atteints d'asthme (652.234 enfants) et un groupe d'enfants avec déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) (321.821 enfants). Les petits patients ont été classés en fonction de leur exposition, ou non, aux anti-TNF.
- Sur les enfants diagnostiqués avec AJI, 1.484 enfants représentant 2.922 personnes-années de traitement anti-TNF, avaient été exposés aux anti-TNF. Les auteurs constatent,
- chez les enfants atteints d'AJI vs les enfants sans AJI, un taux d'incidence 4,4 fois plus élevé de tumeurs.
- Chez les enfants atteints d'AJI traités par le méthotrexate sans anti-TNF, vs les enfants sans AJI, un taux d'incidence 3,9 fois plus élevé.
- Il n'y a pas d'augmentation du risque de cancer avec le traitement par anti-TNF.
Ne pas sous-estimer le risque de cancer associé à la maladie: Dans un éditorial publié dans la même édition d'Arthritis & Rheumatism, des experts confirment que ces résultats suggèrent que la thérapie anti-TNF ne peut être associée au risque accru de cancer, mais qu'il faut confirmer ces résultats par des études complémentaires. Si ces petits patients de l'étude ont été traités par un anti-TNF spécifique, l'étanercept, les auteurs concluent, que quel que soit l'anti-TNF, qu' « en mettant l'accent sur le risque possible de cancer associé à l'utilisation des inhibiteurs du TNF, le risque de cancer sous-jacent associé directement à l'AJI a été sous-estimé ».
Source: Arthritis & Rheumatism DOI: 10.1002/art.34348 “Rates of Malignancy Associated with Juvenile Idiopathic Arthritis and Its Treatment."- Editorial: "TNF inhibitors and Cancer in JIA: Disentangling the Web."
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