Magazine Société
Les Grecs sont descendus dans la rue pour crier leur révolte devant l’effondrement de leur vie matérielle dû aux mesures successives et jamais suffisantes d’austérité mises en œuvre par le gouvernement. Le pays tout entier plonge dans la précarité, le chômage explose, la moitié de la jeunesse est sans travail, la dépression s’accentue et l’avenir reste bouché. La misère est la mère de la révolution française. Lorsque l’injustice devient insupportable, le chaos s’installe et nul ne peut prévoir ce qui peut en résulter. Le roi est décapité, les militaires prennent le pouvoir, le fascisme s’installe : tout peut arriver. La Grèce est le berceau de notre civilisation européenne et on ne peut rester indifférent au spectacle de son naufrage. On est, cependant, en droit de s’interroger sur les raisons de cet incroyable effondrement. Un tel désastre n’est pas sans cause. La Grèce est, depuis des décennies, un pays où la fraude fiscale est un sport national, un pays où les dépenses militaires sont hors de proportion avec le budget, un pays où les fonctionnaires sont pléthoriques, un pays qui a laissé la seule véritable activité (les armateurs) s’enfuir dans les paradis fiscaux, un pays où le sitoyen le plus riche, à savoir l’Eglise, ne paie aucun impôt, un pays qui a dilapidé les fonds structuraux européens lors de son admission dans la zone Euro. Bref, un pays où le laxisme est devenu une vertu nationale. Il y a donc de multiples causes aux énormes difficultés du pays. Les principaux responsables sont, bien évidemment, les hommes politique grecs. Faute du plus élémentaire courage, ils ont laissé pourrir une situation sans issue autre que celle qui s’installe aujourd’hui. Ceci étant dit, l’aveuglement des instances européennes et internationales est stupéfiant. Comment expliquer que l’entrée dans la zone euro de la Grèce n’a-t-elle pas été assujettie à une remise en ordre drastique du système fiscal, à la mise en œuvre d’une lutte efficace contre la fraude fiscale et du système financier grec, comment expliquer l’aveuglement complice de la Commission européenne lorsqu’elle a accepté l’entrée de la Grèce dans la zone euro. Dans la situation actuelle et malgré les prêts consentis par l’Europe, la Grèce est étranglée par les plans d’austérité qui s’accumulent sur un peuple au bord de la révolution.