Petales Québec, joli acronyme pour évoquer les Parents d’enfants présentant des troubles de l’attachement, ligue d’entraide et de soutien, s’implantera à Victoriaville. Il s’agit du premier bureau qu’ouvre l’association en région, elle qui n’est actuellement présente qu’à Montréal et à Québec.
L’assemblée de fondation du bureau victoriavillois a lieu le samedi 1er mars à 13 heures, à la Maison des familles située au 86, rue St-Paul à Victoriaville.
La présidente de Petales Québec, Danielle Marchand, participera à cette rencontre pour expliquer la mission de cet organisme que des parents québécois ont importé de Belgique où il avait été créé en 2001.
«Handicapés du cœur»
On y parlera bien sûr des enfants présentant des troubles de l’attachement, de ces petits «handicapés du cœur» comme les désigne Petales.
Plus ou moins sévères, se manifestant de diverses manières, les troubles de l’attachement surviennent en raison d’une ou de coupures du lien affectif du bébé avec ses parents, avec sa maman surtout, dit-on.
Diverses circonstances peuvent rompre ces précieux liens affectifs. Un bébé séparé de sa mère parce que né prématurément, un accident, une maladie, une dépression post-partum, un traumatisme, de la négligence, un abandon, tout cela risque de fragiliser, voire de détruire ces liens d’attachement dont l'enfant a besoin pour construire ses relations au monde.
Et ces mauvais départs dans la vie ont des conséquences plus ou moins graves sur l’enfant, allant jusqu’à des troubles sévères parfois irréversibles. Les troubles de l’attachement peuvent aussi induire des difficultés d’apprentissage et de comportement. Toute la famille et l’environnement de l’enfant (garderie, école) en sont évidemment affectés.
Danielle et Julie racontent comment elles ont découvert que leurs petites filles, l’une originaire d’Haïti, l’autre de la Chine, étaient affligées de ce genre de troubles, de ce «bobo au cœur», comme elles disent.
Un sujet tabou
Les enfants adoptés sont plus à risques de développer des troubles de l’attachement, expliquent-elles. Ça a été le cas de la deuxième fille adoptive de Julie, la première, une autre petite Chinoise, pourtant adoptée elle aussi, n'a pas développé ce genre de problèmes.
«Elle se débattait quand on voulait lui donner son biberon, elle avait des terreurs nocturnes. Plus tard, elle voulait tout faire toute seule, elle n’avait qu’une relation «utilitaire» avec moi. Elle ne me faisait pas confiance», se rappelle Julie.
Danielle était déjà la mère biologique d’un petit garçon avant d’adopter sa fillette. Bien sûr, elle se rappelle l’air effrayé du bébé quatre mois et demi qu’elle tenait sur elle dans l’avion l’amenant d’Haïti. Pendant de longs mois, Danielle s’est inquiétée du comportement étrange de sa fille, allant jusqu'à douter de ses capacités d’être mère. «J’étais déboussolée, je ne sentais pas que j’étais pour elle sa mère à 100%. Je ne sentais aucun investissement affectif de sa part. Un jour, alors que je la tenais et que je pleurais, ce qui aurait fait craquer mon garçon, elle m’a regardée, et sans aucune émotion, m’a tapoté l’épaule en me disant «Pauvre p’tite maman!»»
Danielle et Julie ont frappé à bien des portes afin de trouver de l’aide…
Mais, disent-elles, il n’y a pas vraiment ici de services spécialisés pour ce genre de troubles. Même que, ajoutent-elles, les troubles de l’attachement auxquels se confrontent des parents adoptants ou même des parents biologiques sont encore mal perçus.
«Il y a d’ailleurs un tabou autour de ces problèmes. Les troubles d’attachement sont perçus comme des échecs dont on préfère ne pas parler. Et puis, bien des parents craignent d'être jugés», dit Julie.
Un groupe de soutien
Depuis un an, toutes deux font partie du groupe de soutien né sous l’aile de l’association Parents-ressources des Bois-Francs à la suite de la conférence de la travailleuse sociale Joanne Lemieux, spécialiste au Québec en adoption internationale.
Et c’est au cours des discussions entre parents, notamment sur la question des troubles de l’attachement qu’on a cru bon démarrer ici l’association Petales Québec.
La ligue s’ouvre tout autant aux parents adoptants qu’aux parents biologiques, aux parents qui se questionnent, aux grands-parents qui veulent comprendre, aux familles d’accueil, aux éducatrices en garderie et en milieu scolaire, aux professionnels de la santé, enfin à tous ceux qui vivent ou travaillent avec des enfants ayant des troubles de l’attachement.
L’association offre une diversité d’activités : des rencontres d’échanges et de soutien, des ateliers de formation, des conférences, de l’accompagnement aux parents cherchant de l’aide dans les milieux scolaires ou de santé, même une ligne d’écoute et d’information. «Parce que les troubles de l’attachement sont bien mal connus, le monde scolaire, entre autres, n’a pas vraiment développé de plans d’intervention pour ces enfants souvent inquiets et anxieux», précise Julie.
«Si la rentrée scolaire est parfois difficile, elle peut rendre complètement dysfonctionnel un enfant qui a des troubles d’attachement», ajoute Danielle.
Petales cherche, par ailleurs, à développer des services cliniques, à prévenir les troubles. Elle se présente aussi comme un groupe de pression. «Chez Petales, on offre du soutien et des références, parce que nous ne sommes pas des thérapeutes», précise Julie.
Une fois que la section victoriavilloise aura été créée, les deux mamans veulent aller à la rencontre de l'équipe de base en santé mentale jeunesse pour faire connaître Petales. «On se réjouit d'ailleurs de la création de cette équipe», souligne Julie
La ligne d’écoute, ce sont Danielle (819 758-1737) et Julie (819 357-4838) qui ont accepté de la tenir. Il faudrait d’ailleurs communiquer avec elles avant le 25 février si l’on veut participer à l’assemblée de fondation du bureau victoriavillois de Petales. On peut aussi se renseigner sur l’organisme au http://www.petalesquebec.org/.
Source : La Nouvelle Union