Difficile. C’est le mot. Je n’en vois pas un meilleur pour qualifier cela. Quatre jours de trek qui s’accumulent. Quatre jours où vous traversez des paysages et sentiers différents. Quatre jours où vous rencontrez les quatre saisons : vent, pluie, neige et soleil. C’est la première fois où j’ai autant de mal. Il faut prendre son temps dit-on ? Bien réfléchir dans tous les cas. Pour ne pas faire d’erreur. J’avais pourtant le choix sur ces quatre jours.
Donc oui : difficile. Difficile de choisir quelles photos publier parmi toutes celles shootées durant ces quatre jours magnifiques de trek dans Torres del Paine en Patagonie chilienne !
Trêve de plaisanterie.
Torres del Paine prend directement la première place dans le Top des plus belles choses vues dans ce voyage. Un peu comme la fois où j’ai mangé mon premier Quick’n'toast (la comparaison vous semble farfelue ? Un formulaire de contact vous attend pour en débattre).
Torres del Paine est un grand parc. « Torres » pour « tour ». Facile. Des tours de roches, des pics bien dessinés, des lacs, des fôrets, des rio. L’un des plus beaux sites d’Amérique du Sud vous diront les guides. Je vous laisserais juger par vous-mêmes.
Et aussi du vent, de la pluie, du soleil et de la neige. Les guides vous diront également qu’en Patagonie vous pourrez avoir les 4 saisons en une journée. La météo y change très vite. Les guides disent vrais pour le coup.
Comment préparer votre itinéraire à Torres del Paine ? Plusieurs solutions. La classique, le célèbre chemin en « W ». De 4 à 5 jours selon votre forme et votre rythme. Le deuxième, plus long,une dizaine de jour, le « O », où vous ferez tout le tour du parc. Possibilité de faire également la partie du site que vous souhaitez en une seule journée.
Pour ma part, je choisis de prendre 4 jours pour profiter du parc.
Plusieurs possibilité pour loger sur place. Les refuges, à réserver d’avance, surtout en période d’été comme maintenant. Les campings (campement sauvage interdit). Il en existe des gratuits et des payants.
Pour ma part, je choisis de bivouaquer sous la tente. Plus économique.
Le parc est accessible pour type de niveaux. Pas de difficultés majeures. Peu d’altitude. Les touristes randonneurs s’y croisent de 7 à 77ans. Je prépare mon sac. Première erreur (je vous entend déjà rire) : je décide de me faire pré-cuire des pâtes, pour dépenser le moins possible sur place (possibilité d’acheter de la nourriture dans les refuges). J’achète des sardines et 2 kilos de pâtes pour 4 jours, à savoir 2 à 3 repas par jour. Mais, parce qu’il y a un mais, sachez que 2 kilos de pâtes crues, pèsent, une fois cuites, 4 kilos. Je m’en rendrais compte dés les 2 premières heures de trek. Erreur de débutant. Mon dos m’en veut encore. Morale de cette histoire : le lyophilisé, c’est mieux.
Une fois n’est pas coutume, nous allons partir de la fin du trek. Je ne ferais pas le « W » complet. Il faut savoir que la partie ouest du parc a brulé en décembre 2011, il y a donc 2 mois de cela. La raison ? Cocasse. Un israélien de 23ans a voulu faire brûler son papier hygiénique, soi disant pour ne pas avoir à le porter et le laisser dans la nature. Il a aujourd’hui interdiction de quitter le territoire chilien à l’heure où je vous parle.
Le quatrième jour (Los Cuernos – Péhoé) est ponctué une sortie du parc en catamaran, où la vue complète des sommets enneigés du parc brillent et se reflètent dans l’eau du lac. Sortie magistrale. La marche jusqu’au catamaran nous fait traverser une des zones brulées du parc. Paysage triste, où se mêlent arbres grillés, verdure, sommets enneigés. Une odeur de brûlé vous suit tout au long de la marche. Apocalyptique. Avec le vent, vous recevez quelques cendres au visage malgré la pluie qui est passée avant vous.
Le troisième jour (Los Cuernos – Italiano) sera le plus mauvais. La météo capricieuse a fait son effet. Vous partez le matin, le temps paraît stable. Vous marchez 30 minutes. La pluie tombe. Les nuages et la brume couvrent toute la vallée Frances où vous étiez censés monter ce jour. Demi tour trempé à Italiano. Vous revenez au camping. Passez la journée à sécher vos affaires au pied du poele du refuge. Votre tente est humide mais tient le coup. C’est le jeu. La dure loi de la météo. La météo est plus forte que vous. Vous passez quand même une excellente journée autour de quelques bières avec des randonneurs français à refaire le monde et à rêver de voyage. Parce qu’ici, on ne parle pas boulot, on parle voyage.
Le deuxième jour (Camping Torres – Los Cuernos) nous l’appellerons l’étape de transition. Mais quelle étape. Vous passez votre journée à longer un lac immense et au bleu indescriptible. Le soleil est avec vous. Le vent pointe son nez par quelques rafales. Le matin, vous vous êtes réveillés avec quelques flocons de neiges. La nuit sous la tente était froide. La brume se lève petit à petit au fur et à mesure de la journée. Vous arrivez en fin d’après midi au camping. Vous plantez votre tente juste à temps. Juste à temps que le vent ne se fasse que plus fort. Vous ramassez pierres et bois que vous trouvez pour protéger un maximum votre tente des courants d’airs et d’un probable envolement. Le lac, à 30 mètres de vous, est déchaîné comme un océan. Les rafales se font de plus en plus fortes. Ce n’est pas de la pluie qui vous mouille, mais bel et bien l’eau du lac soulevé par le vent. Vous voyez les racines des arbres et la terre bouger. Lequel va tomber ce soir ? Sur quelle tente ? La nuit, vous ne dormez pas car les rafales et le bruit vous maintiennent éveillés. Une expérience cette nuit là.
Le premier jour enfin. Dans cet article, le meilleur pour la fin. J’hésite à vous laisser regarder les photos sans dire mot. L’attraction du parc. De Torres del Paine. LA chose à faire si vous n’avez qu’un jour devant vous. Les fameuses tours. Vous vous êtes haïs au début de la journée car votre sac contient 4 kilos de pâtes. Vous êtes malgré tout frais de votre première journée de trek. Le soleil est au rendez-vous. Vous arrivez à votre camping, y posez votre tente. Puis vous partez pour attaquer l’heure de marche pour arriver au sommet du mirador pour apprécier les tours. Apprécier ce mot est finalement faible. La montée est jonchée de gros rochers. Vous apercevez au fur et à mesure de votre avancée les tours de dévoiler. Mais ce n’est rien. Arriver au mirador. Vous les apercevez réellement. Au pied d’un lac à l’eau bleu glacée. Trois immenses tours de roches, enneigées, d’où ruisselle lentement jusqu’au lac la neige fondante. Le soleil brille. Vous les contemplez pendant deux heures. Assis au bord de l’eau. Le soleil brille. Les nuages le cache. Le vent froid se fait ressentir. Les flocons de neige tombent. Un renard vient vous narguer et vous tourne autour pendant vingt minutes. Tout cela, en deux heures de temps seulement.
Vous venez de voir votre plus beau paysage depuis que vous êtes parti en voyage. Peut être même le plus beau de votre vie (pour l’instant).
Sardines et pâtes froides ketchup ont finalement bons goûts à Torres del Paine.