Phnom Penh, trafic routier

Publié le 12 février 2012 par Diana
Mon beau-père m’a dit : « Si toi conduire au Cambodge et tu te fais arrêter par police, pas besoin de permis, tu donnes 5 dollars et c’est bon. C’est bon après tu peux partir. Si, si, ils laissent tranquille. »
Ok. Un bon conseil à connaître au cas où.
Le premier contact que l’on a en général lorsqu’on débarque dans une capitale comme Phnom Penh (PP), c’est la circulation, le trafic routier. Les véhicules motorisés - ou non - qui vont et viennent. On est plongés dans les artères d’une ville qui grouillent. Une espèce de folie vous envahit, on ne sait où donner de la tête. L’ambiance vous happe, vos yeux sont obnubilés par la découverte de cet environnement, et plus vous avancez, plus vous réalisez dans quel bordel ambiant vous vous trouvez.
C’est bien de cela qu’il s’agit à PP. Le bordel ambiant. Celui qu’on trouve sur les routes avant de découvrir celui des trottoirs : gros 4x4, voitures, scooter et mobylette (familiale), motodop et tuk-tuk, sans oublier les vélos qui pullulent. Tout se mélange. Personne ne passe sans qu’une vie trépasse, pourrait être l’adage lorsque les 4x4 passent, filent droit comme des bolides sur un circuit. Ils manquent de percuter les piétons qui ont appris à survivre à la route - en plus des khmers rouge, de la faim, des maladies et j’en passe. Lorsque vient l’inévitable, lorsque l’un de ses 4x4, l’une de ces voitures percutent un cambodgien sans ménagement, quelques biftons se refilent pour dédommagement. On passe à autre chose et on reprend sa route tranquillement comme si de rien n’était, dans le meilleur des cas. On pourrait parler de ces gros véhicules qui ne prennent même pas le temps de s’arrêter, laissant pour mort l’irresponsable qui a voulu tester du pare-choc et de la carrosserie.     En gros comme le dit mon beau-père : « Accident, tu donnes quelques dollars et c’est bon, pas grave.» Au Cambodge fait comme les Cambodgiens en somme. Après ça, on est soulagés et on profite de la route calmement sans penser aux problèmes physiques du mec renversé. Sans penser au traumatisme crânien qu’il doit avoir. Sans s’épancher sur ce que coûte une vie au Cambodge (pas grand-chose quelques riels, dollars tout au plus). La vie s’achète ici et là et ici c’est comme là-bas. On évite de penser à tout ça et on s’amuse du spectacle que ces rues, ces boulevards nous offrent. On s’amuse de ces « fausses » Mercedes, j’entends par là des voitures, camionnettes grimées en voiture allemande. Le faux logo, le faux cuir intérieur, le faux autocollant… On s’amuse de ces motos transportant des animaux, des meubles, des pneus, des cartons, un passager au-dessus de tout ça. On s’amuse de ces motos familiales sur lesquelles voyage toute une famille. Nulle besoin de voiture, un deux roues suffit amplement. On peut aller jusqu’à 5 : 2 adultes, 3 enfants entre chaque, un unique casque pour la famille. Minute, le record fut six, un soir en rentrant d’un dîner chez des amis vivant dans les beaux quartiers résidentiels. On n’avait à peine remarqué le bébé coincé entre ses frères et sœurs, son père et sa mère.   Ah oui, j’oubliai. Le feu tricolore ne veut pas dire grand-chose. S’il n’y a personne, vous pouvez y aller. Si vous tournez à droite et ne comptez pas aller tout droit, vous pouvez. Vous pouvez tout simplement griller un feu rouge si derrière vous esquivez les piétons qui tentent de se frayer un chemin. A ce propos (qui n’a rien avoir) : Lexus ou Taurus ? Deux marques qui reviennent dans le paysage routier cambodgien et la capitale n’y échappe pas comme ces motos qui roulent à contre sens. 
Sans ça, PP n’échappe pas aux problèmes de stationnement. Vous remarquerez que beaucoup de Cambodgiens garent leur voiture dans leur salon, c’est folklo’. PP, c’est une grande ville, capitale de son état. De ce fait, se garer en bataille ou en épis sur le trottoir ne pose pas de problème en soit. Les piétons, peuvent toujours continuer de marcher le long de la route, ce n’est pas un problème. Une chose à laquelle on n’échappe pas lorsqu’on se gare dans ces conditions, c’est de confier son véhicule à un « voiturier ». Pas un voiturier comme on l’entend par chez nous, mais un type qui s’occupe en gros des ces places de parking « sauvage ». Reconnaissable à un habit vert la plupart du temps. Si ce n’est pas un « voiturier » ça peut-être un cambodgien qui use de la double casquette en s’occupant de la sécurité en plus. Ce dernier est reconnaissable à son uniforme bleu marine. Ainsi, vous vous garez, vous faites vos emplettes, vous vous restaurez puis vous repartez. Le bienveillant stoppe dans un élan héroïque les véhicules qui roulent dans le sens de la circulation pour que vous puissiez amorcer votre marche arrière en toute tranquillité. Avant de repartir sur les routes de la capitale, vous lui glissez quelques billets, pour la place, la surveillance et en même temps l’aide pour se dégager de là. C’est ça aussi PP.  Si vous avez lu jusqu’ici alors c’est l’heure de l’anecdote puisqu’on parle de Phnom Penh (PP) et de son affreuse circulation, de ces affreux cambodgiens qui roulent de manière hasardeuse et dangereuse. Le pire ! C’est que j’ai vu de mes yeux vus des auto-écoles ! On est sérieux là, dîtes ? Elles servent à quoi ces auto-écoles lorsqu’on voit de quelle façon conduisent la majorité des Cambodgiens ? Elles sont là. Elles existent bel et bien. Mais à quoi servent-elles alors… ? Beau-papa ? Oui ? Vous dîtes ? Ah, ok. On file quelques dollars et on a le permis ! Suis-je bête. Bien sûr. J’oubliai. On est au Cambodge. On paie le flic qui vous arrête. On paie le type qui s’est jeté sous votre voiture. Mais avant tout ça, on paie surtout son permis. Comme on paie le mec à la douane de l’aéroport. Logique. Le Cambodge n’aurait-il pas un souci avec la corruption ? D’un coup, là je me pose la question mais ce n’est pas de ça que je voulais parler. Moi ce dont je voulais parler c’est de mon arrivée. L’aéroport de PP. La belle-famille qui vient vous chercher. La découverte énoncée plus haut. Le dépôt des bagages dans la maison où nous logerons. L’heure du dîner, faut y aller. On monte dans un 4x4 noir. Dois-je commencer à flipper ? Oh mais oui ! Je peux mon neveu. Un signe de croix qui me rappelle dans ce pays à majorité bouddhiste que je suis de confession chrétienne. Un cousin de ma belle-maman fonce droit dans la ville. Il s’est pris pour Loeb. Et m*rde ! Ca double, appel de phare en face, pile, accélère, plein phare en face, accélère, double encore, se faufile dans un passage si étroit que non, c’est pas possible qu’il s’est faufilé. On est encore vivants. Tourne à gauche en coupant la tronche du mec qui venait d’en face, prend à droit comme dans un rallye. Je vous ai dit qu’il pleuvait ? Il pleut. Nous sommes dans la dernière ligne droite, le restaurant Heng Lai n’est pas loin. On y arrive, je le sens et c’est à ce moment là qu’il dit en khmer : - **&*!«’’??!! (traduction : Où je vais ?)
Trop tard. Une moto vient en face de nous, sur notre voie, monsieur le juge c’est pas de notre faute, c’est lui le fautif. Le motard voit son erreur, celle de nous voir venir droit devant lui. Il part sur la gauche, nous partons sur sa gauche et puis il part sur sa droite sur laquelle on va, dernier braquage à gauche avant l’impact… 3,2,1. Impact. Le motard pénètre de plein fouet dans l’avant de notre 4x4, je vois sa silhouette passer au-dessus de notre véhicule, on s’arrête avec fracas. Le corps est étalé plus loin derrière, il ne bouge plus. La moto qui est en réalité un scooter est explosé, une sandale traine à côté. Y a cette sandale et le ce type qui ne donne pas signe de vie. Ca cause fort khmer dans le 4x4 à ce moment-là. Les badauds commencent à s’agglutiner autour des lieux. La circulation est de plus en plus ralenti. D’une parce qu’il y a un accident et que les gens sont curieux. De deux parce qu’il y a un accident et qu’il est difficile de se frayer un chemin entre notre 4x4 à l’avant défoncé, le scooter explosé, les débris au sol et cette sandale. Il pleut toujours. Je vous ai dit qu’il faisait nuit ? Il fait nuit. Je vous ai dit que l’éclairage de PP fait défaut ? L’éclairage de PP n’éclaire pas grand-chose.  Où en étais-je ? Oui. Notre conducteur sort, téléphone avec son portable, regarde les dégâts… du 4x4. Abusé direz-vous. Attendez le 4x4 n’est pas à lui mais à son oncle ! Son oncle ! Vous pouvez vous imaginer ? Son oncle lui prête le 4x4. Tout heureux qu’il est ,il se lance, découvre en ma personne une nouvelle famille et un scooter vient se planter dans le 4x4 de son oncle ! On devait dîner, je lui aurai demandé s’il a une copine, lui aurait voulu connaître ma vie à Paris (même si j’habite en banlieue). A la place, les coups de téléphone s’enchainent. La belle-maman enchaine également les communications téléphoniques. Et le cambodgien au sol à quelques mètres ? Il bouge, merci Bouddha mais le 4x4 bordel ! Le 4x4 ! Il est c*n de nous rentrer dedans ? Il nous a pas vu ? Pourquoi il roulait en face de nous ? La réponse on l’aura par la suite en voyant toutes ces motos roulant à contre sens. Le réservoir d’eau du 4x4 est percé. Notre taxi driver du soir va tout de même prendre des nouvelles du « motard », toujours au sol mais qui se relève non sans souci, aidé par la foule fortement présente qui se délecte de cet accident. Faudrait pas qu’il clamse, y a des sous à lâcher après avoir percuter le 4x4 de l’oncle ! Ca discute, ça va, ça vient. Le beau-papa arrive à la cool. Il prend la température, livre quelques conseils qu’on n’entend pas puisque assistant au spectacle de loin. On monte dans la voiture avec laquelle il est venu nous chercher. La clim’ à 16° direction, le restaurant rejoindre le reste de la famille. Les accidents à PP, ça donne faim. Fin. 
Comment ? Ah le conducteur ? Un arrangement à l’amiable. Aux dernières nouvelles, c'est-à-dire deux jours après il payera les dégâts fait au 4x4 de l’oncle, faut pas déconner. Sinon lui, il a une jambe en compote. Attention, il n’est pas estropié comme beaucoup au Cambodge, ça non. Il a juste une jambe qui ne marchera plus comme elle marchait avant. Il boitera dorénavant. Il a sans doute un trauma crânien mais ça… on n’en sait pas plus. Il est peut-être mort mais je n’ai pas envie de le savoir. J’ai faim, pas vous ? Depuis que je suis arrivé au Cambodge, j’ai une devise personnelle pour le pays en ce qui me concerne : Manger pour oublier. Ca marche plutôt bien. 
I.D.