48 jours- Le décompte

Une journée de 15 heures, c'est 900 minutes à vivre. Quand on est au chômage, le décompte se fait ainsi : 10 minutes pour la douche, 5 pour s'habiller, 20 pour le petit-déjeuner, 5 pour se brosser les dents, 30 pour consulter les offres d'emploi (quand il y en a), 25 pour le déjeuner, 45 pour l'apéro et 90 pour le dîner. On arrive à un total de 220 minutes... C'est-à-dire qu'il reste 680 minutes pour faire tout ce qui nous passe par la tête : téléphoner à une amie, checker ses mails, se mettre un peu de blush sur les joues, surfer sur Internet, vider la poubelle, se rebrosser les dents, aller aux toilettes, ranger son bureau, ouvrir les volets, surveiller l'araignée qui se promène le long de la plinthe...
Et le lendemain, on recommence avec quelques variations : on retrouve une amie avenue Montaigne pour le déjeuner (70 minutes de trajet et 90 minutes à papoter), une autre pour l'apéro place Saint-Michel (70 minutes de trajet et 90 minutes à papoter). Voilà qu'il ne nous reste plus que 360 minutes pour passer l'aspirateur, lancer une machine à laver le linge, se couper les ongles, faire une liste des DVD qu'on a prêtés, étendre le linge, grignoter un carré de chocolat et finalement manger la tablette...
A ce rythme-là, au bout d'une semaine, on est devenue experte en ménage et on se sent reposée. Au bout de 2 semaines, on fait des nuits de 12 heures, mais on est fatiguée et on ne comprend pas pourquoi. Au bout de 3 semaines, on est tellement épuisée qu'on arrête de sortir pour voir des amis. Au bout de 48 jours, on se dit que la vie c'est vraiment très long, alors vivement qu'on attrappe le cancer et qu'on n'en parle plus.