Avant même de donner le signal de son départ (déjà pour la course à la Présidentielle), et de s’engager dans la dernière ligne droite, le Président sortant a déjà négocié un virage, lui aussi, serré à droite. Reste encore à régler la mise en scène et à choisir le couloir. Là encore, le plus à droite possible avec l’espoir d’y devancer l’adversaire lepéniste. Pas de surprise en ce qui concerne les dernières performances. Elles seront hors course pour ne pas handicaper le candidat.
A Claude Guéant, le rôle du lièvre pour imposer le rythme et déplacer le plus possible le peloton électoral à la corde. De plus en plus raide si l’on se réfère aux intentions de vote et plus encore au rejet que suscite dans l’opinion le (futur) candidat UMP. D’autant que le candidat de la rupture en 2007 n’a pas choisi l’équilibre. Le « à Droite toute » dévoilé hier se résume finalement à « Travail, Famille, Parti ». Du reste, pour qui peut en douter, en s’exprimant dans « Le Figaro », l’homme a choisi un camp et un seul.
Contrairement à François Hollande, porte-parole de « La France unie », son successeur préfère une France coupée en deux sans s’assurer cependant de l’égalité des parts. En déplaçant le débat sur l’opposition au mariage homosexuel ou au vote des étrangers aux élections locales, Nicolas Sarkozy apparaît, en effet, de plus en plus comme le candidat du passé. Celui de Georges Bush en 2004. Le Président américain n’avait alors pas trouvé d’autre issue que de se cantonner sur le seul terrain des valeurs pour faire oublier un bilan économique, internationale et social désastreux.
Comment en effet justifier un million de chômeurs supplémentaires alors que la question était au centre de sa campagne de 2007 et qu’à l’époque, il demandait même à être jugé sur ses résultats ? Comment le Président du pouvoir d’achat peut-il légitimer la paupérisation grandissante ? Comment l’homme du « travailler plus pour gagner plus » peut-il expliquer les taxes successives et les dernières augmentations de la TVA ? Comment l’incarnation du redressement de la France peut-il expliquer le chiffre-record du déficit du commerce extérieur ? Simplement, en évitant d’en parler.
Quant au référendum redécouvert avec des accents gaullistes, Nicolas Sarkozy n’aura pas besoin d’attendre. Le premier est d’ores et déjà programmé le 22 avril et le second le 6 mai.
Jean-Jacques THOMAS
Premier secrétaire fédéral de
l'Aisne